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Serendipity.

S’aimer, c’est regarder ensemble dans la même direction.

Image1Ces photos ont été prises en Afrique du Sud, au même moment, dans la même ville, Johannesburg. Elles montrent toutes deux une vision du futur. À Kliptown, quartier informel de Soweto, lieu de vie assigné aux Noirs durant l’apartheid, on croit en des lendemains sans violence, sans meurtres et sans sida, où les enfants seraient respectés, une vie où des principes moraux, qu’ils viennent de Jah [1] où d’ailleurs, feraient partie du bien commun. Exactement 30 kilomètres au nord, à Sandton Square, dans l’un des plus grands shopping malls de l’hémisphère Sud, on a représenté sur une fresque la place Saint-Marc.

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Cette représentation d’une urbanité italienne classique est récurrente en Afrique du Sud (comme aux États-Unis et en Australie). En témoignent le sublime espace de loisirs Montecasino, ainsi que les multiples gated communities appelées Villa Roma ou Villa Florenza sous prétexte que l’on a habillé de tuiles roses les matchboxes.

Lorsqu’on les questionne, les architectes répondent que « c’est beau et que le public aime bien ». Certes, c’est beau, mais cela a aussi l’avantage de correspondre à des critères esthétiques qui « font sens ». Car si c’est seulement « beau », pourquoi pas du Grec, du Breton ou du Syldave ? Mais la cité italienne, c’est l’héritage moderne de la Cité et de la Polis, antithèse absolue de ce qu’a pu être l’Afrique du Sud avec sa politique de « crime contre l’urbanité » (copyright Jacques Lévy). De l’autre côté de la fresque : des bureaux, et les parkings souterrains gardés par des compagnies de sécurité privée.

Curieusement, ces signaux apparaissent dans des pays colonisés ; des pays à grands espaces où les colons ont eu le sentiment d’être les premiers ; des pays où, dès le début, ce sont des logiques ultra communautaires qui ont prévalu, en s’appuyant sur des politiques de ségrégation voire d’extermination. Et aujourd’hui, même si l’on ne prétend pas recoller les morceaux, on peut se demander ce qui crée du lien social, ce qui fait société… Une fresque de la place Saint-Marc ?

©Photos Philippe Guillaume

Abstract

Ces photos ont été prises en Afrique du Sud, au même moment, dans la même ville, Johannesburg. Elles montrent toutes deux une vision du futur. À Kliptown, quartier informel de Soweto, lieu de vie assigné aux Noirs durant l’apartheid, on croit en des lendemains sans violence, sans meurtres et sans sida, où les enfants seraient ...

Bibliography

Notes

[1] Guide spirituel des Rastafarians.

Authors

Philippe Guillaume

Docteur en géographie, ancien maître de conférences à l’Institut d’Études Politiques de Paris et directeur scientifique à l’Institut français d’Afrique du Sud, auteur d’une thèse sur l’exclusion urbaine à Johannesburg. Il est maintenant journaliste et essayeur dans la presse moto.

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Serendipity.

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