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Les Cahiers de Science et vie : dans les pas d’Homère.

Image1« Si on met à part deux mentions de valeurs incertaines, le nom d’Homère apparaît pour la première fois dans les textes grecs à une date relativement tardive, vers 550 avant notre ère, dans un passage où le philosophe Xénophon critique la manière, à ses yeux immorale, dont le poète a représenté les dieux. Le titre d’Iliade, quant à lui, n’apparaît, chez l’historien Hérodote, que vers 440, soit près de trois siècles après la date — environ 730 avant notre ère — généralement retenue pour la composition du poème. S’il reste bien sûr possible que des mentions antérieures ne nous soient pas parvenues, si des traces assez nettes de l’influence de l’Iliade sont sensibles déjà chez des poètes du 7e siècle, comme Archiloque, rien ne prouve pour autant que l’Iliade soit le titre que l’auteur avait donné à son œuvre, ni même qu’il lui ait donné un titre. Plus encore, on discute de l’existence même de cet auteur, Homère, on s’interroge sur son lieu de naissance, sur les dates de sa vie. Et jamais, dans ce texte pourtant si long de l’Iliade, une indication ne nous est directement fournie qui puisse confirmer qu’il s’agisse bien d’une œuvre et d’un auteur […]. La première grande œuvre de la littérature occidentale, qui est en même temps, un de ses plus grands chefs-d’œuvre, est entourée de mystère ».

Jean Métayer, « Présentation » à l’Iliade, Paris, Flammarion, Coll. Gf, 2000, pp. 1‑2. (une récente et excellente « édition avec dossier » dans la collection Gf).

C’est ce mystère que le dernier Cahier de Science et Vie propose d’explorer une fois de plus — mais on ne s’en lasse pas — dans un numéro consacré à « Homère et les archéologues ». Menant l’enquête dans les pas d’Homère, Annie-Schnapp-Gourbeillon (maître de conférence à Paris 8), Evelyne Scheid (maître de conférence à Paris 8), François de Polignac (chargé de recherches au Cnrs), et les journalistes scientifiques de la revue (Philippe Descamps et Alice Rolland) resituent la société homérique dans le chevauchement de ses strates chronologiques, civilisationnelles et historiques. À la fois souvenir des « siècles obscurs » (11e-10e siècles) — comme l’a montré Moses I. Finley dans son Monde d’Ulysse en 1954 —, mais aussi reflets des aspects « plus récents, et en particulier, tout ce qui se rattache à la cité ». Alors que pour Finley, « le monde d’Ulysse reste […] largement prépolitique », les recherche récentes montrent que « la cité existe déjà bel et bien dans les poèmes : en témoigne l’existence de ses deux institutions principales, l’assemblée et le conseil. L’Ithaque d’Ulysse est déjà une petite cité aristocratique archaïque. Les “rois” ou basileis, s’ils forment sans conteste l’élite dominante, n’en sont pas moins tributaires d’un corps social plus vaste que leurs seules familles élargies. Différentes strates historiques coexistent donc dans le paysage social homérique » (Annie-Schnapp-Gourbeillon, pp. 12-13).

Parmi les très bons articles de ce numéro signalons tout particulièrement celui de François de Polignac sur la nécropole de Lefkandi dans l’île d’Eubée (moins de cent kilomètres au nord d’Athènes) : des fouilles de sauvetage effectuées en 1981 y mirent à jour « les restes d’un édifice exceptionnel dont la découverte allait rapidement causer une vive effervescence parmi les archéologues et les historiens […]. Il se présentait sous l’aspect d’un grand bâtiment oblong en bois et brique crue, d’environ 45 m. de long sur 10 m. de large […]. Ce plan et ces dimensions annonçaient ceux des premiers temples du 8e siècle, mais avec deux siècles d’anticipation puisque les objets trouvés à l’intérieur permettaient de dater la construction de la première moitié ou du milieu du 10e siècle. Ce n’était cependant pas là le plus surprenant […] ». À suivre dans les pages 80 à 85 de ce numéro 70 des Cahiers de Science et vie d’août 2002 (en kiosque jusque fin octobre 2002).

Les Cahiers de Sciences et Vie, série « Les racines du monde », n° 70, août 2002, 96 pages, 5 euros.

Le site de Science et Vie est en complète refonte. On peut par contre continuer à recevoir la lettre mensuelle de la revue.

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« Si on met à part deux mentions de valeurs incertaines, le nom d’Homère apparaît pour la première fois dans les textes grecs à une date relativement tardive, vers 550 avant notre ère, dans un passage où le philosophe Xénophon critique la manière, à ses yeux immorale, dont le poète a représenté les dieux. Le ...

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