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Sérendipité.

L’art ou le partage en débat.

Jean-Paul Doguet, L’art comme communication. Pour une re-définition de l’art, 2007.

Image1Dans une société « globalisée » qui admet de façon croissante ses fondements pluralistes en proportion de ce qu’elle est travaillée par des tensions hégémoniques, la communication est un enjeu fort de débat. L’art n’y échappe pas.

En ce sens, la thèse de l’auteur de l’ouvrage tient dans l’idée que l’art est avant tout communication. La première des trois parties est consacrée à « la production de l’art » ; la deuxième à « la réception de l’art » (l’art n’est pas qu’expression ou émission de sens, c’est une activité de communication) pour finir sur des questions intéressant la critique et l’évaluation esthétique dans une partie intitulée « la réflexion de l’art ».

Pour l’auteur, l’œuvre d’art participe en réalité à une double temporalité. Elle est un objet de l’univers physique et « constitue effectivement le produit achevé d’un processus passé et définitif. En cela elle ressemble en effet aux objets fabriqués et à toutes les réalisations de la technique, et elle appartient à une temporalité qui est celle du monde. » Mais elle participe également d’une temporalité qui ne « se définit pas par l’existence continue d’une chose dans le temps et dans l’espace, mais par la capacité constante pour un sens d’être réactualisé, découvert et même enrichi par un récepteur. » (p. 52)

L’œuvre d’art comme objet intentionnel résultant d’une construction intersubjective n’est pas seulement un message linguistique : elle s’en distingue précisément par une double relation avec l’espace et le temps. Cet objet est durable au sens que l’on peut donner à ce mot, c’est-à-dire qu’il reste disponible pour la réception ; c’est alors qu’il importe de désubstantialiser la conception de l’œuvre d’art.

Mais alors, qu’est-ce qui fait l’unicité de l’œuvre ? Elle résulte, comme le dit Nelson Goodman, d’une série de critères qui permettent de la caractériser en termes esthétiques (p. 58) ; ce sont la densité syntaxique, la densité sémantique, la saturation relative, l’exemplification et la référence multiple et complexe. Quand il s’agit d’œuvres récentes, la question semble être plus simplement celle de l’effet qu’entend produire l’artiste sur son public. Il lui faut distinguer un public et la matière de l’œuvre. Le plus souvent, il s’agit surtout de déstabiliser ce public, produire une perplexité au regard des cadres acquis. Dans ce sens plus qu’un objet l’artiste produit des effets de sens qui modifient le langage et sa compréhension et, donc, l’expérience quotidienne. La culture fait que cette expérience se prolonge en une appréciation réfléchie : savoir pourquoi l’on aime ou l’on n’aime pas, n’est-ce pas l’essentiel ? Au-delà de cette intervention de la réflexion, c’est le projet d’un producteur qui est évalué, c’est sa réussite ou son échec. Et la réception se prolonge tout naturellement en réception d’un effet produit par autrui. Pour qu’une expérience esthétique se transforme en véritable expérience vécue de sens, il faut une rencontre particulière entre un auteur, une œuvre et un récepteur. Le récepteur trouve dans cette expérience une forme de justification de sa propre existence qu’il doit en partie à autrui. L’on peut dire que la communication en matière d’art dépend de la capacité à partager une relation sensible, soit une culture du goût.

Cette thèse fait de l’art un média privilégié de la rencontre avec autrui. Elle oblige à reconnaître la pertinence de l’esthétique pour enrichir le débat public. L’art ne se limite pas à l’art, mais comprend l’expérience esthétique, la discussion de salon, l’évaluation critique aussi bien que le sentiment d’extase face à la beauté d’une œuvre. Si l’on admire l’effort d’ouverture dont témoigne la thèse de l’auteur, l’on ne peut que regretter l’oubli de la beauté naturelle. Non qu’il en soit traité, mais de manière extrêmement lapidaire. Or ne serait-il pas souhaitable d’étendre la critique esthétique à l’environnement ? L’une des pistes en ce sens au-delà de la beauté des paysages naturels est la capacité à donner un sens esthétique aux paysages que l’on aménage, un sens que l’on communique et qui peut être partagé par les populations qui y habitent. En effet, la problématique esthétique sollicite aujourd’hui aussi bien le regard sur la nature qu’une création de milieux artificiels, et invite donc à s’interroger sur leur réception. Réception dont traite Jean-Paul Doguet en ce qui concerne l’art invitant à sa démocratisation et à l’élargissement de son public. Reprenons donc ses propos : si quelque chose comme une démocratisation de l’art est possible, c’est d’abord, dit-il, « l’affaire des législateurs et surtout des éducateurs, de tous ceux qui transforment directement l’organisation sociale, et secondairement celle des techniciens et des artistes. » (p. 253). Pour pouvoir comprendre, juger et apprécier les œuvres d’art et donc qu’elles répondent pleinement à leur statut d’objets de communication, il faut que chacun puisse y associer des expériences de sens « indépendamment des contingences de la naissance et de l’argent ». Peut-être faudrait-il y réfléchir également en ce qui concerne les environnements aménagés.

Jean-Paul Doguet, L’art comme communication. Pour une re-définition de l’art, Armand Colin, Paris, 2007.

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Dans une société « globalisée » qui admet de façon croissante ses fondements pluralistes en proportion de ce qu’elle est travaillée par des tensions hégémoniques, la communication est un enjeu fort de débat. L’art n’y échappe pas. En ce sens, la thèse de l’auteur de l’ouvrage tient dans l’idée que l’art est avant tout communication. ...

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