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Une affaire d’Ecriture(s).

Image1L’inscription « Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus » sur l’ossuaire de Jérusalem dont nous avions parlé dans la Brève datée du 29 octobre 2002, est sans doute un faux. Le Monde daté du 24 octobre 2002 avait consacré une pleine page à cette découverte extraordinaire : André Lemaire venait de déchiffrer sur un ossuaire du 1e siècle de notre ère l’inscription araméenne : « Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus ». Dans un article de la Bar (Biblical Archeology Review), André Lemaire défendait la possibilité d’une référence directe au personnage historique du Christ.

C’est de nouveau Le Monde (daté du 21 juin 2003) qui signale que « l’inscription était trop belle pour être vraie (…). “L’ossuaire est authentique” a déclaré Shouka Dorfman lors d’une conférence de presse, “mais l’inscription est fausse. Cela signifie que quelqu’un a pris une urne véritable et a gravé l’inscription, probablement pour lui donner une signification religieuse” ».

Cette affaire est l’occasion de faire un long détour passionnant par le denier numéro des Cahiers de Science et Vie qui continue sa série consacrée aux « Racines du monde ». Depuis un peu plus d’un an maintenant, la revue propose tous les deux mois environ un numéro spécial consacré aux grands mythes, ouvrages, monuments considérés comme l’héritage du monde : une sorte de voyage dans les merveilles du monde d’aujourd’hui et dans le grand patrimoine de l’humanité. Depuis le premier numéro (mai 2002) consacré aux « sciences techniques des bâtisseurs de cathédrales », en passant par « le voyage d’Ulysse, mythe et réalité » (août 2002) (voir notre Brève datée du 30 septembre 2002), « Le déluge » (décembre 2002) et encore « 13e siècle : l’Europe découvre le génie chinois » (février 2003), Science et Vie — Les racines du monde s’intéresse aux liens entre la science et les grands récits mythiques et patrimoniaux.

Le numéro de juin 2003 est consacré à « La Bible face aux archéologues » et il se place sous le patronage de la grande figure d’Israël Finkelstein dont l’entretien ouvre la revue. Refusant les approches dites « minimalistes » (le texte biblique a été compilé à une date très tardive – du 5e au 3e siècle — et il ne peut contenir, vu son contexte moral, religieux et idéologique très différent, aucune information utile sur l’histoire d’Israël des 10e-17e siècles) et « maximaliste » (la tendance souvent inconsciente à suivre la trame narrative linéaire développée dans la Bible), Finkelstein considère que le point de départ de l’analyse du texte biblique doit être « (le) moment et (le) lieu où furent compilés pour la première fois les différents textes de la Bible, à savoir le royaume de Juda au 7e siècle. C’est là que se situe le point de départ. Chaque épisode de la Bible doit être considéré en relation avec les besoins, les ambitions, les frustrations, l’idéologie du royaume de Juda au 7e siècle. Mais j’insiste sur une chose. Pour moi, si la lecture critique des textes est importante, c’est l’archéologie qui constitue le joyau de la couronne » (p. 15).

En 120 pages passionnantes, Science et Vie fait le point sur les grands récits et les grands lieux mythiques (les Patriarches, l’Exode, David et Salomon, Jérusalem), mais également sur des questions dont les résonances et les instrumentalisations nationalistes sont fortes (« Canaan, le mythe d’une conquête », par Emmanuel Mounier ; « L’hébreu et l’araméen, langue de l’élu, langue de l’Autre », par Françoise Briquel-Chantonnet).

« La Bible face aux archéologues », Les Cahiers de Science et Vie, n° 75, juin 2002, 120 pages, 5 euros.

L’article « Le faux en Écritures de l’ossuaire de Jérusalem », par Pierre Barthélémy, dans Le Monde du 21 juin 2003. Les articles de Pierre Barthélémy et d’Henri Tincq du 24 octobre 2002 présentant l’ossuaire et les affirmations d’André Lemaire sont en ligne dans les archives payantes du Monde.

Le nouveau site Internet de la revue Science et Vie vient d’être ouvert après reconstruction complète : on y trouve pour l’instant les sommaires détaillés de la revue, un moteur de recherche sur les articles, et le contenu des différents hors-séries.

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L’inscription « Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus » sur l’ossuaire de Jérusalem dont nous avions parlé dans la Brève datée du 29 octobre 2002, est sans doute un faux. Le Monde daté du 24 octobre 2002 avait consacré une pleine page à cette découverte extraordinaire : André Lemaire venait de déchiffrer sur un ...

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