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Serendipity.

Mit OpenCourseWare.

Image1En 1999, le Mit (Massachusetts Institute of Technology) décide de se positionner vis-à-vis de l’enseignement à distance. Le développement d’Internet et les initiatives entreprises par d’autres universités ne manquent pas de susciter l’intérêt de cette prestigieuse université. En 2001, le Mit annonce que la totalité des cours (plus de 2000) serait gratuitement mise en ligne sur cinq ans. Depuis septembre 2003, le quart de cet objectif est atteint.

Ce projet fut largement relayé dans la presse technique mais assez peu dans la presse généraliste. Le New York Times, premier journal à avoir présenté cette initiative, avait classé cette information dans la rubrique Technology. Le quotidien Le Monde, quant à lui, en a très peu fait état et n’a pas jugé utile d’archiver un court article de fin octobre sur le sujet.

Le faible engouement des médias pour ce projet est pourtant surprenant. Si le dispositif technique mis en place est notable, l’initiative se distingue surtout par la manifeste transposition du modèle opensource de l’informatique à la transmission de connaissances jusque-là bien gardées, dont la valeur marchande est indiscutable. Le Mit reconnaît qu’il a initialement envisagé le développement de cours en lignes payants en utilisant le nom de domaine mit.com. Ce nom de domaine est toujours la propriété de l’université, mais il n’est pas utilisé. Très vite, la culture de cette université a pris le dessus. Le développement d’une plateforme technique adaptée à la transmission de connaissances par Internet, et l’utilisation de cette plateforme pour la mise en ligne de l’ensemble des cours de l’université a mobilisé l’intérêt de la majeure partie des enseignants de l’université. Ce projet intitulé OpenCourseWare repose donc sur deux objectifs distincts, dont le dénominateur commun est de faciliter l’accès au savoir auprès de ceux qui en ont le plus besoin. La gratuité fut un des fondements cette initiative. Doit-on y voir une manifestation supplémentaire de l’héritage de Saint-Simon et de ces épigones ou, plus simplement, de la cybernétique de Norbert Wiener. Largement appliquée à l’informatique au plus profond d’Internet (ses protocoles en sont le résultat) et de la philosophie opensource, l’idée selon laquelle l’information doit librement circuler semble, avec ce projet, se diffuser jusqu’à l’enseignement même de cette philosophie. En cela, avec ce projet planifié sur une dizaine d’années, le Mit va au bout de la logique, en permettant l’accès gratuit à l’ensemble de ses cours.

Cette démarche n’est pas anodine lorsqu’il est question de cours dont l’accès était jusqu’à présent limité à une élite. Si le coût de la scolarité dans une telle université est important, il n’est pas le seul obstacle. Il est aussi nécessaire d’être brillant et de pouvoir vivre à Cambridge, dans le Massachusetts. De plus, ce projet a déjà coûté plus de 5,5 millions de dollars. Le site est visité depuis plus de 200 pays. Jon Paul Potts, le responsable de la communication du projet se félicite de constater qu’ils ont déjà eu plus de 10 000 réactions d’internautes ayant utilisé ce système. Actuellement, leur site valorise l’utilisation qui en est faite de par le monde, dont une enseignante française en classes préparatoires. Cette démarche fut reprise par le magazine Wired qui reprend l’initiative en présentant plusieurs utilisateurs, dont Lam Vi Quoc, un jeune vietnamien de 22 ans.

Finalement, la gratuité ne remet pas en cause le prestige de l’université. Au contraire, elle diffuse une démarche qui ne rend l’université que plus attrayante. Loin de craindre que les étudiants hésitent à dépenser plus de 25 000 dollars pour suivre une année dans cette université qui offre à présent ses cours en ligne, Charles M. Vest, le président du Mit, pense que cette initiative n’enlève rien au cadre exceptionnel qu’offre l’université. Si la qualité des cours est essentielle, sa force réside surtout dans l’interaction quotidienne entre les étudiants et les enseignants et entre les étudiants eux-mêmes. Les cours en ligne n’offrent pas tout ce qui fait l’intérêt d’une telle université. Charles M. Vest insiste sur le fait que ce modèle, s’il se généralise, permettra aux enseignants d’améliorer la qualité de leur enseignement en accédant à plus d’informations pour préparer leurs cours. Ils devront aussi réfléchir à la singularité de leur démarche dès lors que les étudiants disposent déjà des cours. Paradoxalement, l’enseignement à distance n’impose-t-il pas de repenser ce qui fait la valeur d’un enseignant : sa capacité à transmettre des savoirs dont l’accès ne se limite pas à leur lecture, mais à leur compréhension ?

Mit OpenCourseWare

World Reaction

Article de Wired (11/09/2003)

Article du New York Times

Abstract

En 1999, le Mit (Massachusetts Institute of Technology) décide de se positionner vis-à-vis de l’enseignement à distance. Le développement d’Internet et les initiatives entreprises par d’autres universités ne manquent pas de susciter l’intérêt de cette prestigieuse université. En 2001, le Mit annonce que la totalité des cours (plus de 2000) serait gratuitement mise en ligne ...

Bibliography

Notes

Authors

Boris Beaude

Géographe, il est spécialisé dans la géographie d’Internet et enseigne à l’Institut d’Études Politiques de Paris. Il prépare une thèse sur la dimension spatiale d’Internet et plus particulièrement sur le piratage de ressources musicales. Il fait partie de la Rédaction d’EspacesTemps.net, où il est responsable du Site du mois.

Partnership

Serendipity.

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