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Sérendipité.

L’atlas durable.

Jean-Christophe Victor, Virginie Raisson, Frank Tétart, Le dessous des cartes, atlas géopolitique, 2005.

« Les événements ne sont que l’écume des choses, ce qui m’intéresse, c’est la mer »

Paul Valéry, Regards sur le monde actuel, 1931 [citation en ouverture de l’ouvrage].

Image1Le 2 septembre 2005 parait le premier atlas géopolitique du Dessous des cartes, co-édition Arte/Tallandier. Bien connue des téléspectateurs d’Arte, l’émission de Jean-Christophe Victor se décline aujourd’hui sur différents supports : magazine télévisuel (diffusé le mercredi vers 22:30 et le samedi à 18:45 sur le cable et le satellite), dossiers cartographiques sur Internet et maintenant publication papier. Mais quel que soit le support, les objectifs sont les mêmes et clairement affirmés par les auteurs (Jean-Christophe Victor, Virginie Raisson et Frank Tétart) :

•« faire les liens, dans le temps et dans l’espace » ;

•« entrer dans la logique de l’autre » ;

•« décider plutôt qu’observer » ;

•« comprendre plutôt que savoir ».

Cette démarche méthodologique est hautement pédagogique et se veut un instrument de formation du téléspectateur/lecteur ; les auteurs ont clairement choisi leur voie et cherchent à agir en proposant une aide à la réflexion à celui ou celle qui est considéré comme un interlocuteur. Cette volonté s’inscrit dans le temps et dure maintenant depuis la création d’Arte.

Les 360 cartes dessinées par Frédéric Lernoud à partir des fonds de l’Oxford Cartographers et de l’Ordnance Survey bénéficient d’une réalisation soignée et sont facilement lisibles pour une efficacité accrue ; fortement colorées, elles mettent en valeur les problèmes étudiés (cf. pp. 182-185, la violence en Colombie). Loin d’être de simples reprises des cartes de l’émission, elles ont été complétées, enrichies, recadrées. Les changements d’échelle sont fréquents (cf. pp. 152-155, l’île Maurice, « dragon » de l’océan indien) pour mieux faire comprendre l’insertion d’un territoire dans l’espace régional ou mondial, même si l’on peut déplorer l’absence d’échelle sur les cartes elles-mêmes.

Cet atlas ne se veut pas exhaustif, il écarte certaines parties du monde (l’Afrique australe, l’Asie du Sud-Est…) non par manque d’intérêt, mais les espaces représentés sont ici des études de cas révélatrices de situations particulières : l’île de Diego Garcia, élément central du dispositif militaire des États-Unis, la Tchétchénie et le « droit d’ingérence », le Burkina Faso et le problème de l’enclavement…

L’ouvrage s’organise en deux parties. Tout d’abord, « les itinéraires géopolitiques » avec notamment en Europe le cas de l’Union européenne et le problème de ses limites, la situation de Kaliningrad, celle des Balkans…, en Amérique, le canal de Panama, voie d’eau américaine, l’émergence du Brésil sur la scène mondiale…, au Moyen-Orient le pétrole, l’Islam, Palestine et Israël sont des thèmes privilégiés, en Asie la Chine, le Japon, l’Inde ont été choisis…, en Afrique, après une présentation du projet Nepad, le cas du Sénégal est, entre autres, exposé.

Ensuite, « le monde qui vient » (référence à Stefan Zweig) cherche à alerter sur les signes de dangers qui menacent le monde de demain si l’on ne modifie pas notre mode de vie, si l’on ne limite pas les écarts de développement, par le choix de montrer différents conflits (Côte d’Ivoire, Afghanistan) ou de développer la violence terroriste, la prolifération nucléaire mais aussi en mettant l’accent sur un développement peu durable (la mauvaise répartition des ressources, la santé inégale, les mers en danger…)

D’un intérêt évident pour les enseignants, le concept du Dessous des cartes est un outil remarquable, présentant d’une manière simple (mais jamais simpliste) des situations actuelles, il permet aux élèves (mais pas seulement…) d’accéder à la complexité du Monde et à commencer à en construire leur propre vision. Cet atlas ne surprendra pas les aficionados de l’émission mais il apporte une aide supplémentaire ; la qualité de reproduction des cartes permet également un usage plus aisé de comparaison entre les cartes elles-mêmes.

Néanmoins, la clarté de la présentation de ces dernières est quelquefois réalisée au détriment du développement des légendes, qu’on souhaiterait parfois voir aller plus loin. C’est peut être là que l’on voit la limite de la transposition du concept de l’émission à l’édition papier. Le format très court de l’émission télévisuelle (11 minutes) demande une lecture rapide des cartes et donc une nécessaire simplification, la lecture de l’atlas change la relation au temps et permettrait parfois un approfondissement plus important.

S’il est possible de critiquer certains des choix réalisés ou de regretter certaines absences, il convient cependant de reconnaître la volonté éminemment pédagogique de l’équipe de rédaction.

Il est à souhaiter que cet ouvrage trouve rapidement sa place dans chaque centre de documentation et dans la bibliothèque personnelle des enseignants d’histoire et de géographie. De plus, la part des commentaires et des explications historiques permettra une utilisation sur le long terme de cet atlas. Dans quelques années, ces cartes permettront toujours de comprendre un phénomène dans la durée, non figé dans l’immédiateté d’un moment. Pour tout curieux du Monde qui ne se veut pas simple consommateur, cet ouvrage fait partie des achats indispensables de la rentrée.

Jean-Christophe Victor, Virginie Raisson, Frank Tétart, Le dessous des cartes, atlas géopolitique, Arte/Tallandier, 2005. 264 pages, 360 pages couleurs. 29 euros.

Résumé

« Les événements ne sont que l’écume des choses, ce qui m’intéresse, c’est la mer » Paul Valéry, Regards sur le monde actuel, 1931 [citation en ouverture de l’ouvrage]. Le 2 septembre 2005 parait le premier atlas géopolitique du Dessous des cartes, co-édition Arte/Tallandier. Bien connue des téléspectateurs d’Arte, l’émission de Jean-Christophe Victor se décline ...

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Sérendipité.

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