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Sérendipité.

Ressources urbaines : un film réalisé par Créville.org.

Image1Il est certains sites internet dont on souhaiterait occulter l’existence, tenir méconnue l’url de référence, par crainte que la publicité qu’on pourrait leur faire ne vienne, à terme, contribuer à saturer l’efficacité tenant aux contenus qu’ils proposent, ni trop abondants ni pas assez. Cédons malgré tout, pour inviter à découvrir (ou redécouvrir) un portail de veille d’informations et de documentations scientifiques en matière d’espace, d’aménagement et d’urbanisme qui dispose de bien des qualités.

Créville est une initiative, discrètement indiquée, de la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société de l’Université de Tours (France) dont le potentiel et le sérieux tiennent à trois aspects sur lesquels nombre de sites gagneraient à se calquer et qui constituent, pour nous, une base efficace d’évaluation d’un support électronique de ce type : la sélectivité plutôt que l’exhaustivité, la fédération plutôt que l’exclusivité, la spécificité plutôt que l’impersonnalité.

— sélectivité : on sent derrière l’apparent gant de velours du flux éditorial régulier, une main de fer réalisant des choix face au risque considérable d’hypertrophie d’informations auquel peu de sites de reproduction d’informations ne résistent, se limitant à reproduire sur leur page des flux existants et continus de news, contribuant, ce faisant, à saturer tout en l’appauvrissant l’offre d’internet. Là, les informations y sont calibrées, sélectionnées, font l’objet de courtes et efficaces notices. On reste résolument dans les trois domaines mentionnés malgré la séduction d’extension à l’infini de ces champs que chacun implique inévitablement, vers la sociologie, l’anthropologie, etc.

— fédération : c’est un site, rare, qui fonde en grande partie sa logique sur la mise en relation de l’existant et non l’exclusivité et son cortège de mise en scène. Nous avons déjà eu l’occasion de souligner cette erreur : ici, Créville ne manifeste pas la prétention à réinventer internet à lui seul, et à le signer, de plus, de son institution de référence, un travers malheureusement systématique aujourd’hui de laboratoires et institutions de recherche en mal de reconnaissance et de prestige. Discrétion d’une démarche de fédération au point que l’on a même du mal à retrouver le logo de l’institution qui en est à l’origine !

Il associe donc, avec sobriété et efficacité, un suivi régulier des principales sources qui se sont imposées comme des références en la matière, sans être uniquement de type institutionnel : ainsi, on apprécie de voir regroupés sur une même page le flux de la rubrique Etudes Urbaines de Calenda.org et celui du « Blog de la ville » (un remarquable blog personnel de veille urbaine), par exemple, avec toutes leurs activités éditoriales, de manifestations et d’appels à contribution. Une rubrique mentionne, d’ailleurs, l’ensemble des partenariats (Urbamet…). Ce pari de la « mise en relation » est pour le moment un réel succès.

— spécificité enfin : on y trouve également des ressources qui lui sont propres et nulle part ailleurs. La veille, par exemple, systématique des émissions et documentaires télévisés touchant de prêt à ses trois domaines de référence, concernant exclusivement (pour le moment ?) les chaînes françaises. Également, une veille des rapports de recherche, précieuse et bienvenue puisque cette littérature grise, pourtant « coeur de la recherche », reste souvent méconnue au moment de sa parution ou confinée aux « réseaux de recherche » et à leurs listes fermées de diffusion. Une petite rubrique « coup de cœur » achève de compléter cette touche dotant le site d’une certaine personnalité.

À l’heure où il apparaît par jour autant de sites qu’il s’en ferme, aux ambitions souvent démesurées et sans lendemain, Créville est maintenant lancé à petit pas et sans bruit depuis plusieurs mois, avec une veille constante sans croissance excessive laissant présager l’atrophie ou le désert. Souhaitant assurément qu’il se maintienne, on suggèrera, pour achever, plusieurs pistes qui pourraient permettre d’en renforcer la qualité.

Sur le plan technique, le choix d’un cms tournant sous Mambo, efficace, n’est pas exempt de petits « bugs » (le javascript des mentions légales et partenaires ne s’exécutant qu’en page d’accueil, par exemple). Le multilinguisme, pour le moment limité à une un peu trop discrète version anglo-saxonne, gagnerait à intégrer quelques ressources en d’autres langues et non se limiter à offrir la traduction des titres de rubriques.

On sent, également, le poids un peu trop prégnant de l’institution spécialisée qui en est à l’origine, par ses champs de recherche : le « Monde arabe », tant au niveau des rapports de recherche, des publications… Il faut dire que cette prégnance s’explique par la généalogie du site : « Dans le cadre de la création en 2005 du nouveau centre de documentation qui est issu du regroupement des fonds des différents laboratoires qui composent la Maison des Sciences de l’Homme Villes et Territoires de Tours (MshVt), la question du passage au format électronique des ressources documentaires nous est apparu primordiale ». Faut-il s’en tenir là ? Certainement pas, semblerait répondre le potentiel du site !

Reste alors à suivre avec intérêt l’attitude d’autres universités et institutions, enclines à un certain souverainisme centralisateur en la matière et pas toujours réceptives à la fédération : ignoreront-elles ou s’associeront-elles à ce projet d’un véritable Centre de ressources électroniques et dynamique, des études urbaines, ouvert et collaboratif ? Nous ne disposons pas pour le moment d’indication quant aux stratégies pour l’avenir de ce projet prometteur.

Résumé

Il est certains sites internet dont on souhaiterait occulter l’existence, tenir méconnue l’url de référence, par crainte que la publicité qu’on pourrait leur faire ne vienne, à terme, contribuer à saturer l’efficacité tenant aux contenus qu’ils proposent, ni trop abondants ni pas assez. Cédons malgré tout, pour inviter à découvrir (ou redécouvrir) un portail de ...

Bibliographie

Notes

Auteurs

Marc Dumont

Marc Dumont est maître de conférences à l’Université de Rennes 2.

Partenariat

Sérendipité.

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