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Sérendipité.

Régimes d’historicité et régimes de géographicité.

Invité du séminaire de géohistoire de Christian Grataloup, Patrick Garcia a livré le 6 avril 2004 sa vision des rapports entre histoire et géographie. Se plaçant sur le terrain de l’histoire du temps présent, il a proposé un questionnement historiographique et épistémologique interdisciplinaire.

Image1Dans un premier temps, il porte un regard rétrospectif sur l’utilisation de la géographie par les historiens. Il rappelle que la « bidisciplinarité relative » à la française, surdéterminée, dans le cadre scolaire, par l’enjeu national, remonte à l’institutionnalisation des années 1880. Garcia évoque le « mariage en premières noces » de la géographie vidalienne, puis son « remariage » avec l’histoire annaliste. Face à la définition de la géographie comme science modeste du concret que propose notamment l’historien Lucien Febvre, il pose la question de la réaction des géographes. Il montre en outre comment, chez Braudel, l’objectivation symétrique de l’espace et du temps sert à justifier le discours historien face aux autres sciences sociales.

Garcia nous explique ensuite que le déclin de l’histoire économique et sociale et le renouvellement de la géographie, l’abandon par les uns d’une formalisation désormais pratiquée par les autres, a conduit dans les années 1970 à un « décrochage » des historiens. Il déplore l’absence paradoxale de lectures croisées des historiens et des géographes (même lorsqu’ils traitent de thématiques voisines) qui caractérise la situation actuelle, sauf dans le domaine urbain. Il dénonce également la longue impasse faite par l’histoire comme par la géographie sur leur objet respectif, le temps et l’espace.

Sa seconde partie prospective se fonde néanmoins sur le constat de l’émergence d’une réflexion historienne sur le temps dans les années 1980, et du récent retour de références communes aux historiens et aux géographes. Il propose alors de rouvrir le dialogue sur la question de l’historicité, qu’il qualifie spatialement de « front pionnier » de la recherche historique. Il commence alors par présenter les concepts koselleckiens de champ d’expérience et d’horizon d’attente, et par résumer les trois modèles temporels dégagés par François Hartog : l’historia magistra, le futurisme et le présentisme. Il plaide ensuite en faveur d’une introduction de la spatialité dans les régimes d’historicité, qu’il invite à considérer sur le mode de la dominance et de la coexistence bien plus que sur le mode mécaniste de la succession chronologique. Il souligne ainsi que les grands récits sont fondés sur des territoires, liant par exemple crise de la nation caractéristique du présentisme et mondialisation. Il utilise ensuite ses recherches sur le bicentenaire de la Révolution pour introduire la notion d’échelle : tandis qu’à l’échelle nationale la commémoration se caractérise par son présentisme, les acteurs locaux utilisent majoritairement un discours futuriste.

La présentation dense de ce work in progress donne lieu à une discussion riche et animée. Un premier débat porte sur les notions d’échelle, d’échelon et d’ordre de grandeur. Les participants soulignent ensuite la pluralité des régimes d’historicité, particulièrement manifeste dans l’histoire enseignée, et suceptible de déboucher sur des conflits ou des hybridations. Enfin, Grataloup propose un transfert de modèle en faveur de « régimes de géographicité », qui identifieraient les relations entre l’ici et l’ailleurs ; il souhaite également qu’on ne se contente pas de la dimension idéelle de l’historicité-géographicité, mais qu’on s’attaque à la dimension fonctionnelle des ces régimes. Des « régimes de géohistoricité » sont alors proposés comme une hypothèse de travail sur l’articulation de ces différentes dimensions. Un vaste champ de recherche reste à défricher.

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Invité du séminaire de géohistoire de Christian Grataloup, Patrick Garcia a livré le 6 avril 2004 sa vision des rapports entre histoire et géographie. Se plaçant sur le terrain de l’histoire du temps présent, il a proposé un questionnement historiographique et épistémologique interdisciplinaire. Dans un premier temps, il porte un regard rétrospectif sur l’utilisation de ...

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