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Sérendipité.

Habiter le campement.

Exposition-conférences. Du 13.04 au 29.08.2016. Cité de l'architecture et du patrimoine. Paris.
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Avant même de penser à l’architecture, c’est la question de « demeurer » qui se pose.
Comment habiter dans des zones insalubres, inhospitalières ? Comment habiter en toute liberté, avec les moyens du bord ? Peut-on habiter autrement ? En ce temps de crise il est plus que nécessaire de se poser la question.
« Tant que t’as un toit au-dessus de la tête. » Qu’il s’agisse d’une discussion entre étudiants, travailleurs pauvres ou sans-domicile fixe, cette expression, à valeur presque incantatoire, rappelle que l’abri, dont le toit est le symbole, est un élément de survie premier. L’abri, c’est l’écart entre notre corps et un environnement potentiellement hostile, ce qui nous protège des aléas. Depuis que l’homme est homme, il cherche le refuge idéal – comme tous les êtres vivants. Dans la préhistoire humaine ou dans la « jungle »de Calais, les premiers abris sont construits avec les ressources environnantes : grottes, branchages ou déchets urbains. Le toit « en dur » est récent, comme l’est, dans l’histoire humaine, la sédentarisation. Le campement, c’est le rassemblement temporaire des abris, mais c’est aussi bien plus : comme le rappelle Saskia Cousin, c’est la possibilité de faire clan, communauté, société, un « raccourci de l’univers » écrivent Marcel Mauss et Émile Durkheim en 1903. L’abri nous parle d’architecture, le campement d’urbanisme. Sans lieu fixe ni durée déterminée, ce dernier s’inscrit dans un temps et un espace temporaire : c’est un endroit où se poser, se rassembler, avant de reprendre la route.
Pour explorer les formes et ces manières de vivre le campement, nous avons mené un patient travail de collecte de ses traces photographiques, principalement à travers le photojournalisme. Ce corpus rassemble l’architecture dite « savante » ou « populaire », traditionnelle ou contemporaine, bricolée ou industrielle, d’ici et d’ailleurs. Cette méthode inductive a permis de déstabiliser nos a priori quant à la définition et les pratiques du campement, mais aussi quant au rôle qu’y joue l’architecture. En effet, l’immense majorité des humains qui vivent dans des campements ne rencontre l’architecture professionnelle que lorsque celle-ci se fait industrielle, voire carcérale : les dizaines de milliers de tentes blanches du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés-unhcr, les baraquements visant à contenir, contrôler, enfermer.
À la suite de cette collecte, nous avons identifié six manières d’habiter le campement : les nomades, les voyageurs, les infortunés, les exilés, les conquérants et les contestataires. Cette typologie s’intéresse moins aux formes matérielles du campement qu’aux manières de l’investir, de l’habiter, de le subir, de le transformer.

Chacune des thématiques a été approfondie avec les membres du comité scientifique réuni à cet effet : Arnaud Le Marchand (Nomades), Saskia Cousin (Voyageurs), Marc Bernardot (Infortunés), Clara Lecadet (Exilés), Michel Agier (Conquérants), Michel Lussault (Contestataires).

Nous souhaitions également donner à expérimenter le campement, sentir ce que vivent les humains soumis à la condition du mouvement ; mais aussi interroger les codes de l’exposition, questionner l’objet architectural à l’ère post-industrielle. Pour troubler les visiteurs, l’exposition « Habiter le campement » accueille donc le collectif 1024 pour une installation cinétique et sonore apparait par intermittence, pour quelques minutes, perturbe la lecture, efface les contenus. En guise de refuge, une série d’espaces plus confinés, plus calmes, des cellules propices à la découverte des situations, à l’écoute d’un parcours sonore proposé par Jean Bellorini et Marion Canelas.

« Habiter le campement » est un travail sur les marges. En anthropologie, on parle d’espace liminaire ou de « zone de marge » : le moment ou le lieu d’une déstabilisation des identités collectives et individuelles. Qu’il s’agisse d’un choix pour des voyageurs en quête d’expérience, ou d’une épreuve parfois fatale pour les populations déplacées, les humains abrités ou parqués dans des campements vivent cette déstabilisation. En interrogeant la marge, nous déplaçons notre regard du centre, de la norme, pour mieux l’interroger. C’est la question même de l’habiter qui se pose, celle aussi de l’architecture contemporaine et de ses présupposés.

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Résumé

Avant même de penser à l’architecture, c’est la question de « demeurer » qui se pose.Comment habiter dans des zones insalubres, inhospitalières ? Comment habiter en toute liberté, avec les moyens du bord ? Peut-on habiter autrement ? En ce temps de crise il est plus que nécessaire de se poser la question.« Tant que ...

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Sérendipité.

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