Une /

Résumé | Bibliographie | Notes

Sérendipité.

Entre rétrospective et prospective.

Comment reconstruire le récit du territoire ?
Illustration : Jules Lavée, illustration pour « L’Ambassade à Hué » en Cochinchine, parue dans la revue Tour du monde, le 26 janvier 1878.

Illustration : Jules Lavée, illustration pour « L’Ambassade à Hué » en Cochinchine, parue dans la revue Tour du monde, le 26 janvier 1878.

L’évolution actuelle du panorama des politiques publiques françaises est marquée par une place centrale faite aux temps, aux temporalités, aux manipulations des dimensions multiples du temps. La référence au passé et aux racines est aussi largement usitée que l’injonction à se projeter dans le futur ; ceci alors que l’on dénonce de manière récurrente le « présentisme » tant des acteurs publics que de l’opinion (Hartog 2003, Laïdi 1997) : nous vivons dans l’urgence, dans l’ubiquité de nos sociétés mondialisées, dans le « zapping » comme mode de vie, et nos élus ne réfléchissent qu’à échelle de leur prochaine échéance électorale.

Cette bousculade des temps interroge le géographe dans la mesure où le territoire est conçu à la fois comme héritage des actions passées, comme cadre d’application et de légitimation des actions présentes, et comme support de projets. En effet, par sa double nature matérielle et symbolique, le territoire rend lisible l’écoulement du temps et informe les habitants de ces processus ; en retour, il sert de réceptacle aux inscriptions matérielles des politiques mémorielles ou patrimoniales tout autant qu’aux innovations [1] pour apporter quelques éléments de réflexion à cette question de l’articulation des temporalités dans les démarches d’anticipation. En effet, le cadre méthodologique de ces démarches prospectives formalisées [3] ; la posture qui nous intéresse ici est plus récente et contemporaine des premiers signaux d’alarme vigoureux, voire catastrophistes, sur l’évolution, pour les uns, de la planète face au changement climatique, pour les autres, des sociétés locales face à la mondialisation. Les politiques de développement territorial mettent alors progressivement en avant des outils et des méthodes se projetant dans un futur proche, à court ou moyen plus souvent qu’à long terme, à travers les Chartes (Chartes de pays, chartes paysagères, chartes environnementales…) et les divers types de projets de territoire. Ces expérimentations, initiées antérieurement à l’échelle nationale par la Datar, menées depuis les lois de décentralisation par les collectivités locales, sont institutionnalisées par les lois récentes : les Plans d’aménagement et de développement durable inclus dorénavant dans les documents d’urbanisme à l’échelle communale par exemple, mais aussi les Schémas de cohérence territoriale, les Projets d’agglomération, les plans de déplacement ou encore l’obligation de Charte à dix ans pour les Parcs naturels.

Ce qui rassemble ces formes diverses d’anticipation, c’est leur élaboration dans un contexte d’incertitude et d’inquiétude vis-à-vis du futur, bien loin des utopies positives ou des figures modernes du progrès ; il s’agit davantage de conjurer des menaces plus ou moins identifiées que de se projeter dans un avenir meilleur.

Faire un détour par le futur.

Ces diverses démarches restent empiriques pour la plupart, sans véritable formalisation des outils et des méthodes d’anticipation. La prospective est la seule à offrir actuellement un corps méthodologique relativement construit et reconnu, ce que nous appellerons ici la « prospective experte », activement diffusée depuis peu au sein des collectivités territoriales, notamment les plus outillées et les plus ambitieuses d’entre elles en termes de projet de territoire. Elles trouvent là un discours nouveau, faisant rupture vis-à-vis des démarches antérieures de planification [5].

Il semble que, même si ce n’est pas exprimé en ces termes et que la démarche n’est pas forcément aussi systématique, le principe de l’observatoire est sans doute celui qui a le mieux pénétré les modes d’action locale, répondant à un manque d’informations bien identifié. L’objectif de cette veille est bien sûr d’alimenter la projection, d’aider à la construction des futurs possibles, mais aussi de servir de support à la diffusion de l’observation vers la société, dans une démarche participative largement prônée par les discours prospectifs [7].

Le récit pour apprivoiser le futur.

Peu d’acteurs reprennent en effet le discours savant sur le futur espace de liberté, d’action et d’invention (formules qui, du reste, sont pour la plupart « datées » : issues des tout débuts de la prospective dans les années soixante, période qui construisait une vision bien autre du progrès et de l’avenir). Ce qui domine dans les entretiens, les discussions avec les élus, les gestionnaires sur lesquels nous appuyons ces observations, c’est l’enjeu crucial de la « maîtrise » du territoire face aux évolutions, complexes, difficiles à mesurer mais intuitivement redoutables, qu’ils perçoivent.

L’hypothèse que nous faisons est que, plutôt que cette apparente désarticulation des temps prônée par le discours de la prospective, on assiste à la construction d’un nouveau type de récit du territoire et de l’action, un récit fortement inscrit dans le présent, qui cherche à inventer une autre façon de lire le passé et d’anticiper le futur, entre rétro et prospective. Cette construction se joue à la fois dans l’omniprésence du quotidien, dans une prise en compte très parcellaire et opérationnelle du passé, et dans une difficulté insurmontée à se projeter dans une échéance lointaine. La finalité est alors, par le récit, de réinscrire le territoire dans une histoire en train de se faire.

La notion de récit, telle qu’elle est analysée par Ricoeur (1983) — et reprise déjà par Lussault (1998, 2003) et par Berdoulay (2000 et 2002) dans une optique proche de celle-ci —, nous parait intéressante dans la mesure où, précisément, le récit a pour fonction de réunir le passé et le futur dans le présent de la narration : « en confiant à la mémoire le destin des choses passées et à l’attente celui des choses futures, on peut inclure mémoire et attente dans un présent élargi et dialectisé qui n’est aucun des termes précédemment rejetés : ni le passé, ni le futur, ni le présent ponctuel, ni même le passage du présent » (Ricoeur, p. 32). En outre, le récit a pour caractéristique non pas de reconstituer un déroulement chronologique, mais d’introduire une logique, celle de l’action : le lien interne est « logique plus que chronologique », puisqu’il s’agit de « faire surgir l’intelligible » (ibid., p. 85) ; ce qui induit que le récit se présente comme un tout, avec sa cohérence propre, et construit à chaque fois une « configuration » singulière entre des éléments hétérogènes et dispersés dans le temps.

On voit l’intérêt que peut trouver notre problématique de la temporalité du territoire à cette articulation de la question de l’intelligibilité à l’interrogation fondamentale sur les temps : « Suivre une histoire c’est avancer au milieu de contingences et de péripéties sous la conduite d’une attente qui trouve son accomplissement dans la conclusion […] Elle donne à l’histoire un point final, lequel, à son tour, fournit le point de vue d’où l’histoire peut être aperçue comme formant un tout. » (ibid., p. 130). Lussault déjà a appliqué au discours des urbanistes et des élus cette clé d’analyse inspirée de Ricoeur, montrant que « […] dans et par le récit, des phénomènes relevant du champ pratique sont recomposés et intégrés à une perspective globalisante et finalisée. Or, la procédure de mise en intrigue semble bien active au sein de tout projet urbain » (1998, p. 526).

Des récits ancrés dans le présent…

Nous nous penchons ici sur un certain type de récit, ou plus exactement de mise en récit, celui qui est construit et énoncé par nos interlocuteurs, acteurs institutionnels locaux (conseillers généraux, maires, techniciens), en réponse à une sollicitation ciblée : expliciter le sens de leur action sur le territoire. Les entretiens ne cherchaient pas délibérément à susciter un récit, l’objectif de l’étude portant sur les pratiques de prospective ; mais il apparaît a posteriori que les éléments se combinent selon une logique bien plus proche du récit que de la description ou du diagnostic. D’autres récits, individuels et collectifs, aux supports divers, se croisent et s’entremêlent sur le territoire, parmi lesquels le discours patrimonial a une fonction mémorielle plus explicite. Les récits ici entendus sont avant tout des récits d’action, inscrits dans le présent, mais qui contribuent indirectement à une configuration des temporalités. D’autre part, construits de façon pragmatique, au fil des entretiens mêlant les paroles de plusieurs acteurs locaux, ces récits apparaissent, comme le suggère Berdoulay (2002), à la fois comme des modes d’expression et comme des modes de connaissance : connaissance du territoire et connaissance des spécificités de l’action locale qui s’affinent dans l’interaction.

La logique commune de ces mises en récit est en effet de construire le territoire dans une temporalité propre, qui lui permette à la fois d’exister aujourd’hui dans sa singularité et de répondre aux sollicitations, prévues ou non, de l’extérieur. Peu d’acteurs locaux organisent en effet un récit sur le mode chronologique, ce que Berdoulay nomme le récit séquentiel (2002, p. 127), depuis les fondations jusqu’aux enjeux actuels. Cette construction du mythe fondateur est plutôt du ressort des histoires officielles accompagnant la construction des états-nations ; on ne retrouve pas de « petits récits », de version réduite dans le temps et l’espace de ces « grands récits ». Les temporalités sont, à l’échelle qui nous intéresse, prescrites par le calendrier très administratif des échéances politiques, des montages de projets. Le passé est donc sollicité de manière très ponctuelle et pragmatique : un événement (l’arrivée d’un élu, une décision imposée d’« en haut », la réorganisation d’un service), un personnage (tantôt charismatique tantôt repoussoir), un lieu ou une scène politique, sont mis en avant sur le mode rétrospectif pour éclaircir et légitimer le présent et servir la configuration globale. Le futur est, quant à lui, abordé selon le registre de la menace et de l’incertain ; il est rare que les acteurs dessinent des scenarii, tracent des évolutions affirmées. Les « pas de temps » mobilisés sont extrêmement courts, bien loin des explorations prônées par la prospective ; les échéances politiques rythment les temporalités locales et scandent le récit.

Il est frappant de constater à quel point le discours, les méthodes et les outils de la prospective à la fois attirent de plus en plus les acteurs locaux, en demande de grilles de lecture du présent et de télescopes pour envisager l’avenir, mais en même temps peinent à trouver leur application car sans doute trop exigeants dans leur radicalité. Dans le discours quotidien des acteurs locaux, à travers l’omniprésence du thème de la maîtrise du territoire, on ressent davantage un besoin désespéré d’arrêter le temps que de s’y promener l’esprit tranquille et le regard vigilant. La cohérence propre du récit est dès lors soumise aux enjeux immédiats tels qu’ils sont identifiés dans le présent de la vie locale ; on voit se combiner des menaces englobantes et récurrentes, comme le changement climatique ou la pression foncière, à des enjeux locaux comme un projet d’autoroute, une fermeture d’entreprise ou un montage intercommunal. L’histoire est relue au prisme des inflexions attendues ou des évolutions redoutées ; et le récit évalue le présent en terme d’urgence plus qu’il ne dessine l’avenir comme horizon d’attente.

…mais s’appuyant sur une mémoire de l’action…

Le récit du territoire est fondé sur l’invention d’une mémoire qui doit guider les choix et les légitimer au nom d’une spécificité. Il ne s’agit pas là d’une mémoire du territoire dans une optique patrimoniale, ni de la mémoire collective telle qu’on l’entend habituellement, celle des habitants, mais avant tout d’une mémoire de l’action politique et des hommes qui l’ont faite. Pour reprendre les outils d’analyse du récit proposés par Berdoulay, le « héro » du récit n’est pas le territoire mais le politique : l’homme, son action et sa culture de l’action. L’enjeu est de transformer cette mémoire en compétence partagée et de contrecarrer toute forme d’inertie. Cette mémoire est présente dans toutes les situations analysées ici : soit pour s’y reconnaître au nom de « notre » culture et de « notre » héritage politique. C’est le cas de Grenoble en particulier qui met volontiers en avant sa culture politique locale ; soit pour s’en garder au nom des « hommes nouveaux » comme en Haute-Savoie où la modernisation doit passer par la fin des féodalités. Mais il est clair que le porteur du récit, qu’il soit technicien ou, à plus forte raison, élu, se doit d’être un « homme du lieu » : produit du territoire (même s’il est d’adoption) et apte à en identifier les cohérences profondes pour les mener plus loin. Il doit à la fois se revendiquer d’une histoire locale et se poser en acteur de demain. À travers une dialectique plus ou moins bien rodée, le récit doit jouer tour à tour des racines, donnant sens aux lieux et aux gens, et du projet, gage de pérennité. Cette mémoire de l’action politique s’appuie ainsi à la fois sur des épisodes qui viennent alimenter la chronique de l’action locale (grands équipements, organisation des services, moments forts de débats) et sur une culture plus englobante, qui devient un étalon pour évaluer la fiabilité des pratiques actuelles et à venir (compétences spécifiques, outils bien rodés, réseau et intercommunalité…).

Il s’en dégage l’idée rarement formulée qu’il n’y pas d’héritage à assumer, mais que cette mémoire de l’action plus que du territoire sert de matrice à l’anticipation.

…pour construire une identité à travailler.

Enfin, le récit est chargé de contribuer à une construction essentielle, l’identité territoriale, autour de laquelle gravitent finalement tous les termes, et qui en est la finalité. C’est du reste à propos de l’identité que le discours expert de la prospective accepte une incursion franche dans le passé et en propose une représentation non comme une construction figée mais comme une source de questionnement.

Le récit met en lumière une identité à travailler, qu’elle soit fragile, menacée, ou au contraire triomphante ; c’est à travers l’identité que le récit de l’action et des hommes rejoint le territoire, en affirmant sa singularité et la cohérence de l’action. Pour revenir aux termes de Ricoeur, c’est elle qui fournit le sens profond de l’intrigue. Le récit vise à projeter vers l’avenir cette identité quand elle existe et qu’elle est fermement affichée (métropole moderniste grenobloise, moyenne montagne rurale de Chartreuse ou du Pilat, département prospère et attractif de la Haute-Savoie) : anticiper, c’est dès lors projeter cette identité dans le futur. Quand elle parait menacée (une ruralité fragilisée par l’étalement urbain dans les marges des mêmes massifs, une vieille capitale industrielle menacée par les délocalisations à Roanne, une ville moyenne concurrencée par ses voisines dans le Voironnais), le récit doit jouer l’actualisation dans d’autres figures ou à défaut la défense des spécificités. Les territoires institutionnels mal incarnés, mal reconnus (mailles administratives, intercommunalités récentes) recherchent eux, au fil du récit, à affirmer la construction collective du projet et attendent de la projection dans le futur commun le moteur de la cohésion.

Pour conclure : de la mise en récit à la mise en scène.

De manière explicite ou non, intentionnelle ou non, la mise en récit guide, met en cohérence cette configuration du territoire dans sa temporalité propre, et inspire la mise en scène au quotidien de l’action publique dans le territoire. La mise en scène, notamment par le biais des politiques patrimoniales ou mémorielles, des actions autour des projets, de la participation, est chargée d’inscrire dans le territoire et de rendre lisible par les formes cette configuration et, dès lors, de la mettre en débat. Le récit tel qu’il a été collecté ici, est avant tout un récit individuel ou émanant d’un cercle restreint et inter-reconnu d’acteurs qui s’estiment un droit et une légitimité à raconter le territoire ; mais en tant qu’acteurs publics, acteurs élus pour la plupart de ceux que nous avons entendus, ils se situent à la marge, dans l’entre-deux du récit individuel et du récit collectif. Ils sont redevables d’une histoire et d’une mémoire collective, mais on attend d’eux, et ils entendent bien, s’approprier et infléchir cet héritage dans un récit personnalisé et incarné. C’est dans la mise en scène que se jouent cette greffe et ses prolongements futurs.

À travers le récit construit aujourd’hui, qui met en scène un territoire objet et produit de l’action politique, se dessine donc une trajectoire territoriale tracée entre les éléments du passé revisité et une certaine vision de l’avenir ou une gamme de visions. Cette trajectoire prend difficilement la forme spiralaire imaginée par la prospective experte mais cherche plutôt à « retricoter » ensemble le déjà-vu et le à-venir, le certain et l’inconnu, le validé et le probable, dans un déroulement linéaire plus rassurant, à baliser au mieux la course d’obstacles dans l’univers d’incertitude.

Résumé

Ce texte se penche sur la question des temporalités dans les politiques publiques en partant du constat des injonctions contradictoires entre recours au passé par le biais des politiques de patrimonialisation et de valorisation mémorielle, face à la nécessité d’anticipation présente aujourd’hui dans tous les principaux cadres légaux. L’objet plus spécifiquement observé ici est la prospective territoriale, démarche qui connaît un certain succès auprès des collectivités locales. À partir d’un ensemble d’expériences de terrain, le texte explore comment grâce au récit construit par les acteurs institutionnels, un lien est retissé entre un passé revisité, un « présent omniprésent » et une projection timide, inquiète, dans un futur fait d’incertitude et de menaces.

Bibliographie

François Ascher, Brams Lucien et al., Les Territoires du futur, Paris, Éd. L’Aube, Datar, 1993.

Vincent Berdoulay, « Le retour du refoulé, Les avatars modernes du récit géographique », in

Vincent Berdoulayt, Soubeyran Olivier, L’écologie urbaine et l’urbanisme, Aux fondements des enjeux actuels, Paris, Éd. La Découverte, 2002.

Yves Bertacchini, « Concertation territoriale et politique territoriale concertée », Information, Savoirs, Décisions et Médiation, n°5, Université du Sud-Toulon-Var, 2002.

Jean-Yves Boulin (dir), Temps et territoires, La Tour d’Aigue, Éd. de l’Aube, 2002.

Bernard Debarbieux, Sylvie Lardon (dir.), Les figures du projet territorial, La Tour d’Aigue, Éd. L’Aube, Datar, 2003.

Communauté européenne, Guide pratique de prospective territoriale en France, 2002.

Bernard Debarbieux, Martin Vanier (dir.), Ces territorialités qui se dessinent, La Tour d’Aigue, Éd. L’Aube, Datar, 2002.

Jacques De Courson, La prospective des territoires, Concepts, méthodes, résultats, Lyon, Collections du Certu, 1999.

Aliette Delamarre, Marie-Claude Malhomme, La prospective territoriale, Paris, Documentation française, 2002.

Damien Denizot, « Quinze démarches de prospective territoriale et quelque enseignements », Territoire 2030, 2007, n° 4, pp. 15-28.

François Dosse, « Le moment Ricœur », Vingtième siècle, Revue d’Histoire, 2001, vol. 69, n°1, pp. 137-152.

Marie-Christine Fourny, Damien Denizot, « La prospective territoriale, révélateur et outil d’une action publique territorialisée », in Rodolphe Dodier, Alice Rouyer, Raymonde Séchet (dir.), Territoires en action et dans l’action, Rennes, Pur, 2007, pp. 29-43.

Fabienne Goux-Baudiment, Quand les territoires pensent leur futur, La Tour d’Aigue, Éd. de l’Aube, 2001.

Hartog François, Régimes d’historicité ? Présentisme et expérience du temps, Paris, Seuil, 2003.

Hugues de Jouvenel, « Pour une prospective urbaine », Territoire 2030, 2007, n°4, pp. 8-13.

Zaki Laïdi, Le temps mondial, Bruxelles, Complexe, 1997.

Guy Loinger (dir.), Développement des territoires et prospective stratégique : enjeux, méthodes et pratiques, Paris, L’Harmattan, 2006.

Michel Lussault, « Images (de la ville) et politique territoriale », Géo-carrefour, 1998, vol. 73, n°1, pp. 45-53.

Jacques Lévy Jacques, Michel Lussault (dir.), Dictionnaire de géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin, 2003.

—, Logiques de l’espace, esprit des lieux, Paris, L’Harmattan, 2000.

Pierre Muss, « Rétrospective de la prospective territoriale : de la Datar à la Diact », Territoire 2030, 2006, n°3, pp. 7-19.

Jean-Luc Piveteau, Les temps du territoire, Genève, Éd. Zoé, 1995.

Paul Ricoeur, Temps et récit, 1- L’intrigue et le récit historique, Paris, Seuil, 1983.

Anne Sgard, « Mémoires, lieux et territoire », in Rodolphe Dodier, Alice Rouyer, Raymonde Séchet (dir.), Territoires en action et dans l’action, Rennes, Pur, 2007 pp. 105-117.

Claude Spoh, Guy Loinger, Prospective et planification territoriale, Document Drast-Dguhc, 2003.

Notes

[1] Le territoire est ici envisagé comme espace socialement approprié en mettant en avant cette double dimension matérielle et symbolique, objective et subjective (Lévy et Lussault, 2003, p. 911). Il est vrai que cette approche peut poser problème dans une situation de recherche où les interlocuteurs sont majoritairement des élus qui aujourd’hui usent abondamment du terme dans le sens beaucoup plus restreint de la maille administrative, le territoire institutionnel, vu à travers ses représentants élus : quand un conseiller général dit qu’il a organisé la « concertation avec ses territoires » cela signifie généralement qu’il a discuté avec les élus de sa circonscription, tous types de mailles confondus. Mais c’est bien souvent quand il y a décalage ou brouillage entre territoire institutionnel et territoire approprié par ses habitants que la situation devient intéressante dans notre problématique.

[2] Ce matériau est issu, notamment pour la troisième partie, de deux programmes de recherche : un premier programme rassemblait, sur sept terrains rhônalpins, élus, techniciens et chercheurs dans le cadre du projet « Prospective territoriale locale. Compétences rhônalpines et possibilités de mutualisation au service du développement  » pour la région Rhône-Alpes, sous la direction de M.-C. Fourny et M. Vanier. Le second est constitué par un projet pour le Pnr de la Chartreuse : « Le Pnr de Chartreuse et son environnement institutionnel et politique », sous la direction de S. Duvillard et A. Sgard, qui a englobé un volet d’étude des politiques publiques locales à travers des entretiens semi-directifs auprès de maires de petites communes rurales et périurbaines.

Ce texte doit aussi beaucoup aux réflexions collectives menées au sein du séminaire « Territoire et temporalités » sous la direction de M.-C. Fourny par l’équipe « Construction de territoires : des connaissances en action » de l’Umr Pacte-Territoires (Grenoble).

[3] Nous renvoyons pour une définition précise de la prospective et un aperçu de l’évolution récente de ses démarches à M.-C. Fourny et D. Denizot : La prospective territoriale, révélateur et outil d’une action publique territorialisée, (2007) et D. Denizot : Quinze démarches de prospective territoriale et quelques enseignements (2007). Et plus globalement aux deux derniers numéros de la revue de la Diact Territoires 2030, (n° 3 et 4°). Des expériences locales de démarche prospective participative peuvent également être consultées sur le site de l’Observatoire International de Prospective Régionale, notamment les expériences menées avec l’appui du Puca.

[4] Pour une histoire de ces grands travaux prospectifs, voir P. Musso, 2006.

[5] On peut se référer aux expériences largement présentées dans la bibliographie : Lyon Millénaire 3, Pays Basque 2010, Ardennes 2005, Limousin 2007. À ces expériences emblématiques s’ajoutent des démarches plus locales et plus discrètes étudiées notamment par D. Denizot (2007).

[6] Ainsi le service de prospective du département de la Haute-Savoie est parti d’un observatoire classique, rassemblant essentiellement des données démographiques et socio-économiques, pour en faire à la fois un outil de collecte d’informations plus diverses et plus transversales et un lieu de transmission de cette connaissance et de la démarche prospectiviste auprès des acteurs locaux.

[7] Elle alimente aussi l’une des dimensions essentielles de la prospective que nous ne développerons pas ici, la question de la communication autour, de et par la prospective. Nous renvoyons pour cette question à Debarbieux et Lardon, 2003.

[8] Ces observations s’appuient sur des corpus méthodologiquement différents (cf. note 2). Le premier est constitué à partir de séminaires rassemblant des chercheurs et des acteurs locaux de statuts différents, élus et techniciens, qui se sont déroulés dans plusieurs structures institutionnelles de la région Rhône-Alpes affichant un service de prospective : Conseil général de la Haute-Savoie, agglomérations grenobloise et genevoise, communautés de communes de Roanne et de sud Ardèche, pays Voironnais, Pnr du Pilat. Le second est constitué par une quinzaine d’entretiens semi-directifs auprès de maires de petites communes de Chartreuse : une partie de l’entretien cherchait à les amener à se projeter dans un avenir à moyen terme du territoire. Au-delà de cette diversité, des enseignements communs nous semblent pouvoir être tirés pour éclairer notre propos.

Auteurs

Partenariat

Sérendipité.

This page as PDF