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Serendipity.

Transformations sociales et rythmes urbains.

Thierry Paquot (dir.), Le quotidien urbain, essai sur le temps des villes, 2001. & Les temps de la ville et les modes de vie – Quelles perspectives d'actions ?, 2001.

Ce compte rendu a été publié dans la revue Pouvoirs Locaux n°53. La rédaction d’EspacesTemps.net remercie Pouvoirs Locaux pour l’autorisation de publication de cet article.

Et si la réduction du temps de travail permettait de réduire les « bouchons » aux horaires de pointe ? Et si commerces et services publics ouvraient hors des heures « de bureau », redonnant vie à des quartiers en manque d’animation ? Et si les « temps familiaux » retrouvaient un prix dans la vie de la cité ? Dans l’ère industrielle était né le concept du zonage : autour de la trilogie habiter, travailler, se recréer, se sont construites des villes où chaque fonction avait son lieu, générant force déplacements… Nous découvrons enfin (mais mieux vaut tard que jamais !) que nos activités ont non seulement un lieu, mais également une heure. Quand sonnait la cloche de l’usine, le rythme était, peu ou prou, le même pour tous et le rôle de la collectivité semblait être l’optimisation des transports en commun (le premier terme d’une autre trilogie, métro-boulot…). Aujourd’hui, les rythmes se sont diversifiés, tandis que la généralisation du travail féminin impose une tension croissante sur les temps non professionnels… Ce n’est donc pas un hasard si le temps devient un enjeu : au plan collectif, saurons-nous améliorer sa gestion pour parfaire le fonctionnement de nos villes et répondre à l’aspiration légitime de chacun ?

Deux ouvrages parus l’automne dernier interrogent cette transformation de la société et ses implications sur l’espace urbain.

Comprendre les transformations à l’œuvre.

Image1Le Quotidien urbain, sous la direction de Thierry Paquot aux « cahiers libres » de la Découverte, s’attarde sur l’étendue de ces bouleversements, qui remettent en cause les implicites mêmes sur lesquels se fondent nos politiques urbaines. Réunissant un large panel de chercheurs dans les champs divers des sciences sociales, il pose des jalons et ouvre des pistes de travail sous deux angles d’attaque successifs. Une première partie offre une série d’approches thématiques, parce qu’il faut prendre un peu de recul pour comprendre les transformations à l’œuvre : le temps du travail dicte-t-il l’emploi du temps des citadins (Jean-Yves Boulin) ? Que signifient, dans ce contexte, les temps de l’école (Marie Raynal), du commerce (Alain Metton), des services publics (Gilles Jeannot) ? Une deuxième partie examine la prise en compte et les effets de ces mutations sur les politiques urbaines (Michel Lussault), le projet urbain (Jean Chesneaux), allant jusqu’à interroger les pratiques liées aux temps particuliers de la vie et de la mort (Jean Baudry), voire la chronotopie, temps des habitants, avec Ariella Masbougni… L’ouvrage édité par le Certu, Les temps de la ville et les modes de vie, explore les mêmes interrogations, avec un regard complémentaire. Dans la lignée des collections du Certu, l’ouvrage entend mettre les acquis d’un séminaire de prospective urbaine à la portée du plus grand nombre, notamment du côté des élus. Les mêmes causes produisent les mêmes effets : sur un sujet aussi nouveau, il faut… prendre le temps de visiter les fondations, de poser les termes de la problématique (première partie) avant de tenter, dans une synthèse, d’en extraire les enseignements (deuxième partie). On explore à nouveau l’articulation des temps de la vie avec le travail (Jean-Louis Dayan) et les rythmes de l’entreprise (Didier Livio), sans oublier la question sensible du commerce (Paul des Longchamps). Les réflexions sont largement étayées de partages d’expériences, françaises (Poitiers, par Dominique Royoux), mais également étrangères (les précurseurs « bureaux du temps » italiens, par Sandra Bonfiglioli). On découvrira même une étude comparée des politiques publiques temporelles en France et en Europe (Pierre Dommergues et Christine Delfour). Chemin faisant, nous comprenons mieux les tendances nouvelles dans les modes de vie (Bernard Préel) et les mutations qu’elles entraînent dans les espaces-temps des citadins (Francis Godard). Voilà deux ouvrages bien utiles dans un moment où les politiques urbaines commencent à accorder une place au temps… Place encore modeste, certes, mais il est vrai que le chemin est long pour embrasser la complexité des interactions du quotidien urbain et engager dans la démarche la multitude des acteurs concernés. Le processus tient donc une place importante dans ces expérimentations, et cette démonstration n’est pas le moindre mérite de ces deux ouvrages.

Abstract

Et si la réduction du temps de travail permettait de réduire les « bouchons » aux horaires de pointe ? Et si commerces et services publics ouvraient hors des heures « de bureau », redonnant vie à des quartiers en manque d’animation ? Et si les « temps familiaux » retrouvaient un prix dans la ...

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Notes

Authors

Anna Geppert

Institut d’Aménagement du Territoire et de l’Environnement (Iateur), université de Reims.

Partnership

Serendipity.

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