Norbert Elias et les processus de civilisation/dé-civilisation.

by Responsable éditoriale | 14.03.2003 00:00

Image1Emmanuel Le Roy Ladurie croyait voir en 1997 (cent ans après sa naissance, sept ans après sa mort) la « deuxième mort de Nobert Elias » dans plusieurs travaux remettant en cause les thèses d’Elias sur la Civilisation des mœurs. En 2003, jamais Norbert Elias n’a été aussi nécessaire pour comprendre les paradoxes et les ambiguïtés du double mouvement de civilisation/dé-civilisation que nous tentons de contrôler depuis la fin de la seconde guerre mondiale. « Les hommes se trouvent actuellement dans un processus massif d’intégration qui non seulement va de pair avec de nombreux mouvements partiels de désintégration mais qui en outre peut aussi faire place à n’importe quel moment à un processus dominant de désintégration. Toutefois, c’est pour le moment l’orientation vers une intégration plus vaste et plus rigoureuse de l’humanité qui l’emporte » (Norbert Elias, La société des individus, 1987-1988, p. 218).

Après un ralentissement au début des années 1990, les publications et les travaux sur Norbert Elias se sont multipliés. Ils portent à la fois sur les thèses d’Elias, parfois pour les contester entièrement (Duerr et les cinq tomes du Mythe du processus de civilisation) et sur l’utilisation des grandes structures d’analyse des sociétés d’Elias pour proposer des lectures du fonctionnement du monde particulièrement fécondes. Plusieurs articles et ouvrages récents s’intéressent aux tensions entre les processus de civilisation et ceux de dé-civilisation. Poursuivant l’article fondamental de Stephen Mennel, « L’envers de la médaille : les processus de décivilisation » (in Alain Garrigou, Bernard Lacroix (dir.), Norbert Elias. La politique et l’histoire, Paris, La Découverte, 1997, p. 213-236), Olivier Remaud a publié en septembre 2002 dans le cadre du Centre Marc Bloch de Berlin, un article passionnant sur « Norbert Elias et l’effondrement de la civilisation : les Studien über die Deutschen » (téléchargeable[1] à partir du site du Centre Marc Bloch). Danilo Martuccelli a consacré un chapitre à Norbert Elias dans Sociologies de la modernité (Paris, Gallimard, Folio essais, 1999, p. 231-259). Quant à Sabine Delzescaux elle vient de publier en février 2003 un ouvrage intitulé Norbert Elias. Civilisation et décivilisation (Paris, L’Harmattan, 2003).

A un moment où une guerre se prépare menée par un gouvernement qui utilise le mot « Dieu » à la fin de chaque discours, à un moment où le « choc des civilisations » est parfois considéré comme une théorie « réaliste » des relations internationales comme une autre, à un moment où le mot même de « civilisation », fondement des travaux de Norbert Elias, devient le symbole de l’enfermement communautaire c’est-à-dire l’exact opposé du sens éliassien, il est plus que jamais indispensable de relire ses travaux. Etre capable de penser les tensions entre civilisation et dé-civilisation pour résister aux effondrements civilisationnels qu’on ose nous présenter comme « le bien ».

De nombreux articles sur Norbert Elias et ses travaux sont disponibles sur le réseau. Entre autres :

Une présentation d’ensemble[2] de la vie et de l’oeuvre de Norbert Elias par Alain Garrigou et Bernard Lacroix : « Norbert Elias : le travail d’une œuvre ». Il s’agit de l’introduction à leur ouvrage publié à La Découverte en 1997, Norbert Elias. La politique et l’histoire.

Une présentation générale d’Elias, en anglais, extraite de l’ouvrage de Robert van Krieken, Norbert Elias. Key Sociologist[3] (1998). Là aussi il s’agit de l’introduction de l’ouvrage publié chez Routledge.

Une présentation générale[4] de Norbert Elias dans La République des Lettres[5] par David Blackburn (1996).

L’article d’Olivier Remaud indiqué dans la « brève » : « Norbert Elias et l’effondrement de la civilisation : les Studien über die Deutschen » (téléchargeable[6] à partir du site du Centre Marc Bloch).

Un excellent article de Dominique Linhardt dans Politix : « Le procès fait au Procès de civilisation» (Politix, n°55, 2001, p. 151-181) qui fait le point sur les controverses concernant les thèses de Norbert Elias. On peut acheter l’article en ligne sur le site de la revue Politix[7].

L’article de Emmanuel Le Roi Ladurie, « La deuxième mort de Norbert Elias »[8] (téléchargement en format .pdf). Il s’agit de l’article signalé au début de cette « brève », publié dans le Figaro Littéraire du 30 janvier 1997.

On peut également voir en ligne :

Le Centre Marc Bloch[9] (Berlin).

La fondation Norbert Elias à Amsterdam — HyperElias : un travail de recension bibliographique colossal[10] (en allemand).

Norbert Elias and Process Sociology : un site ressource sur Norbert Elias[11].

Le passionnant article d’Olivier Remaud[12], « Norbert Elias et l’effondrement de la civilisation : les Studien über die Deutschen » (2002).

Endnotes:
  1. téléchargeable: http://www.cmb.hu-berlin.de/publi/index1.html
  2. présentation d’ensemble: http://www.polis.sciencespobordeaux.fr/vol3n1/article1.html
  3. Norbert Elias. Key Sociologist: http://www.usyd.edu.au/su/social/elias/book/ch1.htm
  4. présentation générale: http://www.republique-des-lettres.com/fr/225-norbert-elias
  5. La République des Lettres: http://www.republique-des-lettres.com/e1/elias.shtml
  6. téléchargeable: http://www.cmb.hu-berlin.de/publi/pdf/Norbert%20Elias2.pdf
  7. le site de la revue Politix: http://politix.e-revues.com/
  8. « La deuxième mort de Norbert Elias »: http://www.asmp.fr/sommair2/section/textacad/ladurie/lefigaro/1997/3_30-01-97.pdf
  9. Centre Marc Bloch: http://www.cmb.hu-berlin.de/
  10. travail de recension bibliographique colossal: http://www.kuwi.uni-linz.ac.at/hyperelias/z-elias/
  11. un site ressource sur Norbert Elias: http://www.usyd.edu.au/su/social/elias/elias.html
  12. passionnant article d’Olivier Remaud: http://www.cmb.hu-berlin.de/publi/pdf/Norbert%20Elias2.pdf

Source URL: https://www.espacestemps.net/en/articles/norbert-elias-et-les-processus-de-civilisationde-civilisation-en/