Abstract | Bibliography | Notes

Serendipity.

Minä Sinä Me — MoiToiNous.

Image1L’automne et le début de l’hiver ont vu se dérouler plusieurs expositions sur la photographie finlandaise au Centre Photographique d’Île-de-France[1], à l’Institut finlandais[2] et à la Galerie Cent8 qui ont donné lieu fin 2002 à la parution d’un catalogue bilingue français-finnois. Des textes de Pirkko Siitari, Emmanuel Hermange, Andréa Holzerr, Marja-Terttu Kivirinta et Anne Durez y présentent un parcours photographique finlandais.

A l’interrogation sur la possibilité actuelle du « concept de représentation culturelle » à partir du « partage d’une origine géopolitique et culturelle et d’une pratique de médiums artistiques », Emmanuel Hermange répond en termes d’efficacité d’une découverte hors de la logique des expositions internationales montrant comment le travail (Against the Wall) mené depuis plus de quinze ans par Pekka Turunen en Carélie du Nord compose, au-delà du style documentaire d’un Walker Evans, « toute la précarité qui accompagne la quête d’une culture nationale déterminée par des frontières ». Jouant des couleurs, des cadrages, des hors-champs, Pekka Turunen, non sans humour, émancipe le portrait d’acteurs, engagés dans leur espace social et écologique, vers une identité de « transition entre une culture traditionnelle locale et une économie de matché internationale » : « Ces photographies témoignent certes d’un quotidien, mais encore et surtout de la persistance sauvage d’une humanité, de ce qu’une présence peut révéler de riche comme de grinçant, d’identitaire comme d’universel, avec une sincérité redoutable » (Anne Durez). Dans un tout autre contexte, Ilkka Halso.

Dans la série Hypnosis, Marjaana Kella expose une dissection du portrait dans un protocole complexe de prise de vue autour de sujets hypnotisés pour conduire un questionnement sur « la densité et l’opacité des surfaces », sur la représentation et l’abandon de soi devant la prétendue objectivité du médium, sur les mises en intrigue de l’extérieur et de l’intérieur d’un regard d’autant plus présent qu’il est caché à la vue : « chaque image devient le miroir d’une expérience où tout récit potentiel peut s’infiltrer » (Anne Durez). Mais au centre de ce travail, c’est la lumière et son rapport au réel qui sont interpellés : « Les photographies ressemblent aux images que la lumière visible forme sur notre rétine, puis dans notre cerveau. Mais quel rapport ces reflets immobiles ont-ils avec ce que l’on appelle la réalité ? » (entretien Marjaana Kella et Jan Kaila, Van Zoetendaal Publishers, 2002).

Heli Rekula s’intéresse à l’expérience de l’innocence et de la spontanéité et à leur perte dans la socialisation que subissent les filles pour accéder à leur condition de femme dans le regard de l’autre, dans l’identité et l’image du corps féminin que sculptent les idéaux et les modèles de nos sociétés. C’est à résoudre l’énigme des portraits de jeune femme, arrêts sur image de thrillers joués par la photographe dans des décors urbains ou d’intérieur, qu’invite Aino Kannisto, tandis que, dans son journal intime d’étudiante, Maarit Hohteri, loin des quêtes d’identité sexuelle entre la vie et la mort de Nan Goldin, montre le vécu d’une jeunesse qui demande surtout à être vue.

Dans sa série sur la forêt amazonienne, Sanna Kannisto met en scène l’histoire naturelle et l’homme scientifique dans une dissection où s’affrontent, dans des références revisitées à Karl Blossfeldt et Joan Fontcuberta (mais Georges Perec n’est pas loin), esthétique et représentations de la volonté de connaissance. Dans un tout autre contexte, Ilkka Halso interroge, dans un contexte pseudo-scientifique, non dénué d’humour, le rapport ambigu de l’homme à la nature entre nostalgie d’un environnement sauvage et production destructrice, proposant une « Restauration paramédicale de la nature » (Andréa Holzerr) où l’artiste, ne conservant que la photographie comme témoin et documentation de ses installations, joue, pour un temps, un rôle cynique de guérisseur, de chaman et de chirurgien plasticien.

Minä Sinä Me (MoiToiNous), parcours photographique finlandais – suomalaista valokuvataidetta, Section culturelle de l’Ambassade de Finlande / Institut finlandais, 2002, 15 euros.

Pekka Turunen, Mervi Malmberg, Seinäjoki, 1985 ; © Cpif[3]

Endnotes:
  1. Centre Photographique d’Île-de-France: http://www.cpif.net/
  2. Institut finlandais: http://www.institut-finlandais.asso.fr/
  3. Cpif: http://www.cpif.net/

Abstract

L’automne et le début de l’hiver ont vu se dérouler plusieurs expositions sur la photographie finlandaise au Centre Photographique d’Île-de-France[1], à l’Institut finlandais[2] et à la Galerie Cent8 qui ont donné lieu fin 2002 à la parution d’un catalogue bilingue français-finnois. Des textes de Pirkko Siitari, Emmanuel Hermange, Andréa Holzerr, Marja-Terttu Kivirinta et Anne Durez ...

Bibliography

Notes

Authors

Partnership

Serendipity.

This page as PDF