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L’élève est un animal politique.

Virginie Calicchio et Béatrice Mabilon-Bonfils, Le conseil de classe est-il un lieu politique ? Pour une analyse des rapports de pouvoir dans l’institution scolaire, 2004.

Image1« Citoyen » est le mot qui résume l’ambition affichée de l’École et « politique » ce qu’elle tente d’éviter. Suivant Virginie Calicchio et Béatrice Mabilon-Bonfils, le conseil de classe représente ce paradoxe qui traverse l’ensemble de l’institution scolaire et en désigne les blocages. Elles proposent donc une analyse politologique et sociologique d’une instance qui est le lieu du politique à l’École et qu’elles envisagent comme une fractale, une partie qui contient en réduction les mêmes caractères que le tout. Elles appuient leur étude sur l’observation de conseils de classe dans un lycée du centre ville de Marseille et sur des entretiens avec les acteurs.

À l’image du politique, et à l’échelle du système scolaire dans son ensemble, la dimension conflictuelle du conseil de classe est généralement passée sous silence. La norme établie par les textes officiels est en décalage avec les représentations et les pratiques observées. Les stratégies contradictoires poursuivies par les acteurs sont gommées, tout comme les enjeux de pouvoir ou de représentation de soi, les conflits de territoires entre parents et professeurs ou entre disciplines. Le conseil de classe n’est rarement autre chose qu’une chambre d’enregistrement de décisions prises avant, c’est-à-dire en dehors de la présence des élèves et des parents. Il est une simple procédure faite d’échanges superficiels, dont les codes ont pour fonction de ne pas déstabiliser l’institution, c’est-à-dire les professeurs qui dès lors font corps par peur de montrer leurs divergences. Personne n’est satisfait mais tous les acteurs prennent part à l’occultation et aucun ne souhaite la disparition du conseil de classe.

Dès lors, si le conseil de classe illustre la crise d’un projet républicain de construction de la citoyenneté, il peut également être pensé comme un point de stabilité dans cette crise. Il est l’unique lieu d’une possible négociation des conflits, et sa dimension routinière, rituelle et mythique est un mode d’équilibration pour l’École et la société en général. Les acteurs présents au conseil de classe ont ainsi la possibilité, même sommaire, de présenter leur point de vue et de participer à la construction de l’École. Aussi les auteurs soulignent que les différents protagonistes auraient tout intérêt à mettre un terme à l’occultation des conflits et à favoriser leur expression en tant que facteur de cohésion sociale.

La quatrième de couverture indique que « par des observations empiriques de conseils de classe et des entretiens, les deux auteurs lèvent le voile sur le fonctionnement politique de l’institution scolaire ». On regrettera que la part des observations et des entretiens soit si modeste, essentiellement limitée aux interventions récurrentes de quelques individus voire à la répétition des mêmes citations. Plus qu’une enquête de terrain sur la question politique, qui servirait de base à une montée en généralité, l’ouvrage se présente comme une synthèse de différents travaux sur l’École et sur les rapports de pouvoir au sein des institutions. De là un écart entre la pertinence de la problématique et le traitement dont elle est l’objet.

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« Citoyen » est le mot qui résume l’ambition affichée de l’École et « politique » ce qu’elle tente d’éviter. Suivant Virginie Calicchio et Béatrice Mabilon-Bonfils, le conseil de classe représente ce paradoxe qui traverse l’ensemble de l’institution scolaire et en désigne les blocages. Elles proposent donc une analyse politologique et sociologique d’une instance qui ...

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