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Sérendipité.

Vive l’Uzupis libre!

Image1Située en plein coeur de Vilnius, à un franchissement de pont du centre-ville, la république ubuesque d’Uzupis a proclamé son indépendance en 1998.

On pourrait lister avec bonheur les différents attributs d’État, officiels ou symboliques et toujours détournés, dont s’est dotée la république : un président, Roman Lileikis, cinéaste et musicien; une fête nationale, le 1e avril; quatre langues, une par saison; des citoyens d’honneur, comme le Dalai Lama; un saint-patron, Frank Zappa; une ambassade, à Moscou; un emblème, la statue d’un ange soufflant dans une trompe; une armée, composée de quelques individus; un drapeau, etc. Mais là n’est pas le réel intérêt de l’anecdote.

N’oublions pas, en effet, que nous sommes en Lituanie. (Re)devenue indépendante en 1991, après plusieurs décennies d’occupation soviétique, la Lituanie semble être actuellement en plein processus de construction de son identité nationale (à ce sujet, le recours à des cartes historiques mentionnant le nom de « Lithuania », que ce soit dans les manuels scolaires mais aussi dans la rue, est assez édifiant). L’initiative des sécessionnistes d’Uzupis apparaît alors à la fois comme une parodie de cette quête, et comme la volonté de prolonger l’esprit de liberté et du « tout est possible » qui a accompagné l’indépendance.

N’oublions pas non plus, que nous sommes à Vilnius, dans une ville européenne, finalement très similaire à Paris ou à Londres, et où la thématique de l’indépendance proclamée par un quartier n’est pas inconnue (que l’on songe seulement à Montmartre pour Paris et à Pimlico, même si l’exemple est tiré d’un film, pour Londres). Le quartier d’Uzupio est un de ces espaces urbains dont la marginalité conserve une certaine constance dans l’histoire. Marginalité spatiale d’abord, puisque la colline où se situe ce quartier n’a été reliée par des ponts à la colline du centre de Vilnius qu’au 16e siècle. Marginalité sociologique également, car le quartier a été idéalement peuplé de prostitués, de Russes, de juifs et, aujourd’hui, d’artistes qui ont du quitter le centre-ville suite à la flambée des prix des logements dans les années 90.

Entre la construction, en direct, de l’identité nationale et l’animation d’une communauté locale et idéale, symbole de la critique démocratique et de l’action participative dans la ville, la Lituanie et Vilnius sont des lieux qui permettent une réflexion permanente et stimulante sur bien des concepts des sciences sociales (l’identité, la ville, la nation, le territoire, la légitimité, etc.) et, plus généralement, sur l’histoire moderne et contemporaine de l’Europe et la façon dont elle s’est construite jusqu’à présent. Mais les pays baltes et leurs capitales ne sont pas seulement de parfaits terrains d’observation. Ils sont également de magnifiques prétextes à la promenade et à la découverte touristiques.

Pour se rendre à Uzupis : du centre de Vilnius, marchez vers l’est et laissez-vous guider par la pente qui vous conduira obligatoirement jusqu’à la rivière Vilnia. Passez le pont qui mène à l’Uzupio Gatvé, vous y êtes. Notez à votre gauche la présence de l’Uzupio Café, qui fait office de palais présidentiel de la jeune république. N’oubliez pas, une fois sur place, de demander un visa.

À voir, en ligne : Le site peu à jour et en lituanien de la république d’Uzupis[1].

Endnotes:
  1. Le site peu à jour et en lituanien de la république d’Uzupis: http://uzupis.w3.lt/cgi-bin/uz

Résumé

Située en plein coeur de Vilnius, à un franchissement de pont du centre-ville, la république ubuesque d’Uzupis a proclamé son indépendance en 1998.On pourrait lister avec bonheur les différents attributs d’État, officiels ou symboliques et toujours détournés, dont s’est dotée la république : un président, Roman Lileikis, cinéaste et musicien; une fête nationale, le 1e ...

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Sérendipité.

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