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Résumé | Bibliographie | Notes

Sérendipité.

Ressources.

Notion du glossaire relatif à la recherche INEDUC.

Illustration : Kotomi_, « Materials for S/S 2013 new collection », 16.11.2012, Flickr (licence Creative Commons).

De janvier 2012 à octobre 2015, l’Unité Mixte de Recherche CNRS 6590 « Espaces et Sociétés » (ESO), le Centre d’Études et de Recherches sur les Qualifications (CEREQ) accompagné de la Plateforme Universitaire des Données de Caen (PUDC), le Groupement d’Intérêt Scientifique Môle Armoricain de Recherche sur la SOciété de l’Information et les Usages d’INternet (M@rsouin), le Centre de Recherche sur l’Éducation les Apprentissages et la Didactique (CREAD) et le Pôle Régional de Recherche et d’Étude pour la Formation et l’Action Sociale (PREFAS) – en tant que prestataire – ont été partenaires d’un programme, financé par l’Agence Nationale de la Recherche, sur les inégalités éducatives et la construction des parcours des 11-15 ans dans leurs espaces de vie (acronyme INEDUC)[1][1]. Une telle combinaison de partenaires, en grande partie inédite, posait l’enjeu d’une véritable collaboration scientifique, afin d’éviter la fragmentation des analyses selon les thématiques, les disciplines, les sites institutionnels, voire selon chacun des chercheurs concernés, ou alors l’imposition d’un leadership non négocié. L’état de l’art préalable à la soumission du projet a ainsi été complété par un glossaire dans lequel chacun pouvait retrouver son fil directeur à chaque moment de l’immersion dans le travail de terrain.

Le glossaire relatif à la recherche INEDUC a vu le jour après une année de travail collectif[2][2]. Les notions et les concepts qui suivent ont été définis : Adolescent, Contexte, Éducation, Empowerment, Environnement numérique, Inégalités, Institutions scolaires, Justice spatiale, Loisirs, Mobilité/Déplacement, Orientation, Parcours, Politiques scolaires / Politiques éducatives, Pratique, Projet (d’orientation), Ressources, Réussite (scolaire/éducative), Socialisation, Stratégies familiales d’éducation, Temps libre, Usage.

Une fois le programme « Inégalités éducatives et la construction des parcours des 11-15 ans dans leurs espaces de vie » terminé (en 2015), une partie de l’équipe[3][3] a décidé de réactualiser cinq définitions (Empowerment[4][4], Inégalités[5][5], Loisirs[6][6], Mobilité[7][7] et Usage[8][8]) et de réinterroger la pertinence de cet outil « glossaire » dans le dispositif méthodologique de la recherche[9].

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Définition :

Quatre caractères fondamentaux de la notion sont retenus : des attributs de position quant à sa localisation, sa constructibilité, son inscription dans une complexité de relations (qualifiée par les directeurs de l’ouvrage de « systémique ») et sa temporalité.

Le terme « ressource(s) » est souvent, et dans beaucoup de disciplines, une catégorie de pensée sans contenu a priori, une notion qui permet d’intégrer des éléments des rapports sociaux de pouvoir ou de production. En effet, il n’existe pas d’entrée pour ce terme dans le Dictionnaire des sciences humaines (Mesure et Savidan 2006), auquel des géographes ont pourtant contribué, ni même d’interrogation par la sociologie, à l’exception de la sociologie de la gestion, avec la notion de ressource humaine (De Gaulejac 2009).

La notion de ressource(s) est néanmoins présente dans les deux derniers dictionnaires de géographie les plus importants, le plus ancien recourant, comme fréquemment, à un détour par l’étymologie. Celle-ci s’inspire du jaillissement de l’eau dans une résurgence pour se fixer d’abord dans le secours (11e), puis dans « ce qui peut améliorer une situation fâcheuse » (16e, d’après Le Petit Robert), avant de s’étendre, dans le même siècle, aux moyens matériels d’existence d’un individu, puis, surtout à partir du 19e, à ceux dont dispose ou peut disposer une collectivité. Dimension potentielle qui fait de ce mot un des plus ambigus de la géographie, selon Roger Brunet (Brunet, Ferras et Théry 1992). Ces auteurs développent une analyse des ressources physiques (« naturelles ») selon si elles sont renouvelables ou non, consumables ou non, mises en valeur, inventées par les sociétés. Selon le second dictionnaire évoqué, « la notion de ressource connaît une nouvelle jeunesse lorsque, d’une part, on en fait un des objets de l’action d’une société sur elle-même et que, d’autre part, on élargit sa signification au-delà des seuls objets matériels » (Lévy 2003, p. 798).

En géographie, l’usage de la notion est réinterrogé, l’année suivant cette dernière publication, avec un colloque sur la « notion de ressource territoriale », qui renvoie à une conception de la notion de ressource précisée par des adjectifs, comme peuvent l’être les ressources informatiques. Ce colloque symbolise la rencontre entre des géographes préoccupés par le développement territorial et des économistes qui ont découvert que « l’espace n’est plus [seulement] le cadre dans lequel s’inscrivent ou que dessinent les phénomènes économiques, mais devient un facteur important de leurs modes d’organisation et de leur dynamique » (Courlet 2007, p. 33). Ceux-ci distinguent alors des « ressources génériques (…) transférables » (Colletis et Pecqueur 1993, p. 497), telles que les matières premières, et des « ressources spécifiques (…) intransférables » (ibid.). Ce malentendu (malentendu puisque, pour le géographe, les matières premières, souvent « transférables », sont, avant extraction, d’abord « intransférables ») heuristique, lié aux épistémologies différentielles des disciplines des sciences anthroposociales (Berthelot 2000), aboutit, dans l’ouvrage qui a succédé au colloque, à des définitions plastiques de la notion de ressource territoriale, voire « territorialisée ».

L’exemple d’une réflexion menée en science politique dans cet ouvrage permet d’illustrer l’intérêt de concevoir la ressource (toujours spatialisée, pour certains géographes du laboratoire Espaces et Sociétés) en tenant compte de ces quatre caractéristiques, sans nécessairement y référer l’analyse. Ainsi, comparer les dynamiques de planification urbaine rennaises et nantaises a conduit Rémi Dormois à insister entre autres sur :

— Les aspects symboliques de la localisation du Port autonome de Nantes/Saint-Nazaire, à travers sa participation à une Association Communautaire de l’Estuaire de la Loire lui permettant d’acquérir une légitimation politique locale ;

— L’importance des processus d’interaction dans la construction complexe des ressources, qui fait de la ressource non « pas un attribut, mais un produit relationnel (…) est ressource ce que l’on a « en plus » par rapport aux autres acteurs de l’interaction » (Dormois 2007, p. 62).

Il est donc permis de mener une analyse non enchantée des ressources (Bénicourt 2005) et de leur spatialisation.

Endnotes:
  1. [1]: #_ftn1
  2. [2]: #_ftn2
  3. [3]: #_ftn3
  4. [4]: #_ftn4
  5. [5]: #_ftn5
  6. [6]: #_ftn6
  7. [7]: #_ftn7
  8. [8]: #_ftn8
  9. la pertinence de cet outil « glossaire » dans le dispositif méthodologique de la recherche: https://www.espacestemps.net/articles/des-fonctions-dun-glossaire-dans-un-programme-de-recherche-pluridisciplinaire/
  10. : #_ftnref1

Résumé

Illustration : Kotomi_, « Materials for S/S 2013 new collection », 16.11.2012, Flickr (licence Creative Commons). De janvier 2012 à octobre 2015, l’Unité Mixte de Recherche CNRS 6590 « Espaces et Sociétés » (ESO), le Centre d’Études et de Recherches sur les Qualifications (CEREQ) accompagné de la Plateforme Universitaire des Données de Caen (PUDC), le Groupement d’Intérêt ...

Bibliographie

Bénicourt, Emmanuelle. 2005. « Sen : du texte à ses interprétations » L’Économie politique, vol. 3, n° 27 : p. 52-59.

Berthelot, Jean-Michel. 2000. Sociologie. Épistémologie d’une discipline. Bruxelles : De Boeck.

Brunet, Roger, Robert Ferras et Hervé Théry. 1992. Les mots de la géographie. Dictionnaire critique. Paris : La Documentation Française.

Colletis, Gabriel et Bernard Pecqueur. 1993. « Intégration des espaces et quasi intégration des firmes » Revue d’Économie Régionale et Urbaine, n°3 : p. 489-508.

Courlet, Claude. 2007. « Du développement économique situé » in Gumuchian, Hervé et Bernard Pecqueur (dirs.). La ressource territoriale, p. 32-45. Paris : Economica.

De Gaulejac, Vincent. 2009. La société malade de la gestion. Paris : Points.

Dormois, Rémi. 2007. « Pour une analyse dynamique des ressources dans la conduite de l’action publique » in Gumuchian, Hervé et Bernard Pecqueur (dirs.). La ressource territoriale, p. 49-65. Paris : Economica.

Lévy, Jacques. 2003. « Ressource » in Lévy, Jacques et Michel Lussault (dirs.). Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, p. 798. Paris : Belin.

Mesure, Sylvie et Patrick Savidan (dirs.). 2006. Le dictionnaire des sciences humaines. Paris : Presses Universitaires de France.

Notes

Auteurs

Partenariat

Sérendipité.

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