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Sérendipité.

Pandora.

Un projet de recherche dans la boîte.

« Based on what you’ve told us so far, we’re playing this track because it features hard rock roots, mild rhythmic syncopation, varying tempo and time signatures, vocal-centric aesthetic and extensive vamping. »

Image1Pandore est « celle qui donne tout » (ou « celle ayant tout don » ?). Pandore, à en croire Hésiode, est un « si beau mal » (καλον κακον). Pandore, cédant à sa curiosité, ouvre la boîte offerte par Zeus et libère ainsi les fléaux et les malheurs qu’elle contient, à l’exception du plus grand d’entre eux, celui de devoir attendre (transformé en « espérance », dans les traductions ultérieures).

On serait tenté, parfois, de l’assimiler à un certain Internet par le biais duquel se déverse et se diffuse sans peine un contenu parfois sombre et toujours polymorphe, sans jamais susciter pour autant l’impatience de l’internaute avide.

Plus récemment cependant, Pandore – ou plutôt « Pandora[1] » – devient surtout connue pour nom d’un service musical en ligne : un service sans intérêt direct pour la recherche en sciences sociales, à première vue.

À première vue seulement, car à la base de son fonctionnement se trouve un vaste projet de classification de contenus musicaux, portant le nom de « Music Genome Project ». Ce dernier a donnée naissance à plus de 400 attributs (ou « gènes ») musicaux. De ceux-ci, les chansons de plus de 10 000 différents musiciens se sont vues assigner les plus adéquats, moyennant une analyse rigoureuse :

« Taken together these genes capture the unique and magical musical identity of a song – everything from melody, harmony and rhythm, to instrumentation, orchestration, arrangement, lyrics, and of course the rich world of singing and vocal harmony. It’s not about what a band looks like, or what genre they supposedly belong to, or about who buys their records – it’s about what each individual song sounds like. »

Bien sûr, le résultat montre des imperfections. Grand nombre de catégories musicales (dont par exemple, celle dite « classique ») ne sont pour l’instant pas prises en compte. Il est de même difficile de se défaire d’une forte impression d’influence commerciale, surtout lorsque, soudainement, surgit de la boîte de Pandore une musique n’ayant « franchement rien à voir » ou lorsqu’une chanson revient avec une fréquence décidément pas aléatoire.

Quoi qu’il en soit, les sciences sociales profiteraient grandement d’un examen approfondi des outils d’analyse quantitative potentiellement constructibles à partir d’un Music Genome Project : les styles musicaux aimés ou honnis par un individu ne sont-il pas, après tout, des vecteurs importants d’auto-identification sociale et culturelle, dont déjà Bourdieu (1979, 69) avait tenté de démontrer les dynamiques.

Plus encore, au delà d’un génome musical, ne pourrait-on pas imaginer l’extension du processus de génomisation à d’autres contenus multimédia qui, de par leur non‑­textualité, sont encore aujourd’hui très difficiles à chercher dans une base de données : à quand, par exemple, un Image– ou un Movie Genome Project ?

Image : Jules Joseph Lefebvre, Pandore, huile sur toile, 96.5 × 74.9 cm, 1882, (Détail). Domaine public.

Pierre Bourdieu, La distinction, Paris, Les Éditions de Minuit, 1979.

Le Music Genome Project sur Pandora.com[2]

Le Music Genome Project sur en.Wikipedia.org[3]

Endnotes:
  1. Pandora: http://www.pandora.com/
  2. Le Music Genome Project sur Pandora.com: http://www.pandora.com/mgp.shtml
  3. Le Music Genome Project sur en.Wikipedia.org: http://en.wikipedia.org/wiki/Music_Genome_Project

Résumé

« Based on what you’ve told us so far, we’re playing this track because it features hard rock roots, mild rhythmic syncopation, varying tempo and time signatures, vocal-centric aesthetic and extensive vamping. » Pandore est « celle qui donne tout » (ou « celle ayant tout don » ?). Pandore, à en croire Hésiode, est ...

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Sérendipité.

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