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Résumé | Bibliographie | Notes

Sérendipité.

Mot-croisé : Nomade.

Un même terme évoqué par un dessinateur, un informaticien, et un chercheur en sciences sociales. Ceci est une co-publication avec la revue Flash informatique.

Ont déjà été traités les termes : Environnement, Hôte, Langage, Source(s), Trafic.

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Le point de vue de l’informatique.

Dans les techniques de l’information, se dit d’un objet, d’un utilisateur, d’un agent ou d’un service qui n’a pas de localisation géographique ou temporelle fixe. Qualificatif à la mode, il s’applique à de nombreuses situations. Passons en revue les principaux axes des technologies dites nomades.

La miniaturisation des objets permet leur utilisation nomade (itinérante). Sans a priori de distance, car quitter son bureau pour continuer sa tache à la cafétéria c’est déjà du nomadisme. Selon l’organisation en place, l’impact ne sera ni plus ni moins grand qu’un déplacement intercontinental.

Telle l’escale à l’oasis, vous reprenez contact avec le reste du monde à votre convenance et lorsque cela est praticable. Vous vous connectez alors volontairement aux services qui représentent votre environnement social ou professionnel. Ce mode opératoire asynchrone, initialement réservé aux possesseurs d’ordinateurs (trans)portables, est devenu, grâce à la banalisation de l’Internet, accessible au voyageur sans bagages. Un Internet café aux antipodes fait l’affaire !

Vous souhaitez rester atteignable en permanence. Les objets et les agents nomades qui vous représentent dans le monde numérique vont utiliser toutes les technologies de communications sans fil à leur portée. Ils vont aller pointer périodiquement en votre nom auprès des services nécessaires. Votre présence sur la Toile est ainsi rapportée de manière synchrone aux opérateurs de messagerie instantanée.

Si la géolocalisation du client est une ressource précieuse pour les prestataires de services, le client nomade ignore tout des localisations (!) de ces services. Ils migrent d’un emplacement à un autre, pour suivre les cycles des marées numériques. Même si vous restez immobile, les services et les objets nomades orbitent autour de vous.

À l’instar des organisations sédentaires qui introduisirent les cartes d’identité pour les gens du voyage, les technologies nomades sont à l’origine de nombreux mécanismes d’authentification et de localisation. La prestation offerte est liée à une entité facturable, à l’identité du récipiendaire et au contexte du nomade. Le service parait de proximité, comme sédentaire.

Dans leur application actuelle, les technologies nomades ne conduisent-elles pas à ne plus bouger’

Le point de vue des sciences sociales.

En anthropologie, les nomades sont ces groupes sociaux africains ou asiatiques accomplissant des déplacements saisonniers cycliques entre des lieux différemment liés à leurs activités de subsistance (pêche, élevage, etc.). Leurs mobilités sont organisées, planifiées ; le voyage saisonnier correspond autant à un mode de vie qu’à une activité fonctionnelle, liée à leurs besoins. Ainsi, avec toutes leurs spécificités, les mobilités non-occidentales enrichissent le panorama des mobilités dont s’occupent les sciences sociales.

À ces nomadismes traditionnels, transformés par le fonctionnement actuel des sociétés civiles, s’en ajoutent aujourd’hui de nouveaux, ceux des sociétés mondialisées. Il s’agit d’acteurs accomplissant des trajectoires complexes, souvent fragmentées dans l’espace et dans le temps, dont la périodicité peut être variable, mais dont l’étendue peut être considérable et pour lesquelles le temps du parcours devient bien plus important que la distance parcourue.

Pour le géographe, nomade est un adjectif, qualifiant des espaces de « passage », des interfaces, où des acteurs assurent le lien et la transition entre deux espaces différents. Les caractéristiques propres à ces espaces sont liées au fait que les actions qu’on y accomplit sont faites dans l’optique du départ, d’un passage qui ne s’éternise pas (même si la halte peut être de plus ou moins longue durée). Ces espaces sont donc ce qu’ils sont par les pratiques transitoires spécifiques qui les traversent et il en est de même pour les imaginaires qu’ils véhiculent. Ils engendrent donc des dynamiques, par lesquelles on réalise combien de nomades différents investissent notre planète. Mais dans un futur peut-être pas si lointain nomades seront aussi ceux qui feront des allers et retours entre la terre et d’autres planètes !

Résumé

Le point de vue de l’informatique.Dans les techniques de l’information, se dit d’un objet, d’un utilisateur, d’un agent ou d’un service qui n’a pas de localisation géographique ou temporelle fixe. Qualificatif à la mode, il s’applique à de nombreuses situations. Passons en revue les principaux axes des technologies dites nomades.La miniaturisation des objets permet leur ...

Bibliographie

Notes

Auteurs

Daniel Grandjean

Électronicien de formation, dans la décennie qui suivra son diplôme, ses centres d’intérêt migrent du matériel au logiciel. Au sein d’une multinationale dont le champ d’activité s’étend des mines à l’aéronautique, il lance ou réalise des développements dans l’instrumentation de laboratoire, les calculateurs multiprocesseurs embarqués, les systèmes d’exploitation temps réel, l’intelligence artificielle, les réseaux d’actuateurs et la vision industrielle. Il rejoint en 1992 le service informatique du département de Génie Rural de l’Epfl, aujourd’hui partie de l’Enac, dont il renouvelle l’infrastructure informatique et l’intègre à la révolution Internet grand public. Un postgrade en réseau de communication en 1996 sera le germe de son passage en 2001 à la section de téléinformatique de l’Epfl. Il s’occupe particulièrement des services de base, de mesure et du nomadisme.

Cristina D’Alessandro-Scarpari

Après un doctorat en géographie humaine à l’Université François Rabelais de Tours et une recherche postdoctorale à la West Virginia University (États-Unis), elle est enseignante à l’Institut des Sciences Politiques de Paris et chercheuse contractuelle à la Msh de Tours. Sa spécialité est la géographie humaine de l’Afrique subsaharienne. Elle s’intéresse tout particulièrement à l’étude géographique des situations problématiques (protection environnementale transfrontalière, usages des outils visuels et impérialisme digital, géographie des massacres) et aux enjeux théoriques dans les sciences sociales. Elle est l’auteure de Géographes en brousse (2005, L’Harmattan) et coéditrice de l’ouvrage Espaces, savoirs et incertitudes (Ibis Press).

Partenariat

Sérendipité.

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