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Résumé | Bibliographie | Notes

Sérendipité.

Études sur l’imaginaire, l’économie et la géopolitique.

Castoriadis, Cornelius. 2020. Écrits politiques 1945-1997, VIII. Sur la dynamique du capitalisme et autres textes suivi de L’impérialisme et la guerre. Paris : Sandre.

« Aristote en chaleur » (Morin 1989) ou « titan de l’esprit » pour les uns[1][1], « ogre intellectuel » pour les autres, l’œuvre de Cornelius Castoriadis ne cesse d’inspirer et de susciter l’admiration de par sa nature atypique et transdisciplinaire. En l’occurrence, Pierre Rosanvallon tenait récemment à son égard les propos suivants : « c’était une personnalité d’une énergie exceptionnelle et d’une grande générosité. Quand je pense à lui, je pense en même temps à tout un ensemble de figures qui ont été importantes pour moi : des atypiques, à la marge du monde universitaire, qui sont pourtant devenus centraux dans la vie intellectuelle – des sortes d’hérétiques consacrés »[2][2]. Cette admiration pour ce penseur inclassable capable de travailler sur des champs aussi divers que la philosophie, les mathématiques, l’économie, les sciences sociales et la psychanalyse, explique la parution de ses écrits politiques complétés par des documents provenant de ses archives personnelles.

La question est de savoir si cette parution permet de dégager une cohérence supplémentaire à l’œuvre de Cornelius Castoriadis qui a été rééditée à plusieurs reprises[3][3]. De plus en plus, cette œuvre labyrinthique est modifiée, amendée, complétée comme si les thèmes principaux donnaient lieu à des éclaircissements progressifs. Castoriadis lui-même avait à plusieurs reprises proposé des titres de futurs ouvrages comme L’Élément imaginaire ou la seconde partie de Devant la guerre (Castoriadis, 2020, p. 16). Il semble que les éditeurs de ces Écrits politiques se soient inspirés des notes que Castoriadis avait consignées pour proposer cet arrangement posthume de textes[4][4]. Le risque éditorial pris est au service de la cohérence de cette pensée tragique et va à l’encontre de l’intention initiale de l’auteur qui était de détruire tous ces textes non publiés de son vivant (Castoriadis, 2020, p. 15). « Textes inachevés quoi qu’il en soit, dira-t-on, et sur lesquels on peut se demander quelle aurait été la décision finale de l’auteur. Impubliables donc ? Nous ne le croyons pas, et pour en avoir le cœur net il n’y a qu’à les lire en les confrontant aux textes publiés et en essayant de voir ce qui confirme, prolonge ou nuance ce qui a été fait » (Castoriadis, 2020, p. 17). En reprenant d’anciens textes et en les éclairant à partir des archives de l’auteur, est-il possible de gagner en lisibilité ? Faut-il continuer à explorer ce qu’écrivait Castoriadis ou au contraire proposer des pistes de recherche qui permettraient à d’autres penseurs de prolonger leur logique ? C’est bien de stratégie éditoriale dont il faut parler ici pour une œuvre qui se révèle inlassablement actuelle[5][5].

Généalogie de l’œuvre de Castoriadis.

Castoriadis a sans doute été l’un des plus grands penseurs du capitalisme en mettant en avant la logique profonde de ce système fondé sur un imaginaire de la croissance illimitée. La publication des textes datant des années 1950 sur « La dynamique du capitalisme » montre à quel point ses conceptions sont toujours aussi valables à notre époque[6][6]. L’avantage de cette nouvelle composition éditoriale vient du fait que les trois textes sur « La dynamique du capitalisme » se succèdent, correspondant respectivement aux numéros 12, 13 de la revue Socialisme ou Barbarie ainsi que le texte « Matériaux pour ‘Sur la dynamique du capitalisme, III’ (1954-1975) » (Castoriadis, 2020, p. 104) probablement réarrangé par l’auteur lui-même dans les années 1975 au moment de la parution de L’institution imaginaire de la société (Castoriadis, 1975).

La partie « Imaginaire et économie » quant à elle est extraite de plusieurs textes parus au sein de L’institution imaginaire de la société à laquelle succèdent plusieurs chapitres du premier tome des Carrefours du Labyrinthe paru en 1978. Les « Notes pour La Dynamique…et autres matériaux (1975-1976) » viennent appuyer certains des raisonnements de Castoriadis sur l’héritage de l’imaginaire économique capitaliste dans le marxisme (Castoriadis, 2020, p. 244). Enfin, les textes sur « Le système mondial de domination » (Castoriadis, 2020, pp. 284-339) complètent par des fragments inédits la réédition de textes sur Capitalisme moderne et révolution. « Le fait premier, massif, incontestable, et que tous les discours, représentations, idéologies qui circulent visent à masquer, est l’existence d’un système mondial de domination et son unité » (Castoriadis, 2020, p. 293). La description précise des imaginaires passe également par une analyse du discours, les textes montrant l’attention que Castoriadis porte aux nuances du langage. L’un des apports majeurs de ce volume réside certainement dans les discussions économiques effectuées par Castoriadis.

La réflexion économiste de Castoriadis.

La publication des écrits économiques de Castoriadis avec des textes extraits de ses archives personnelles révèle un raisonnement rigoureux notamment lorsque les thèses de Marx sont discutées en détails (Castoriadis, 2020, pp. 56-57). Castoriadis pointe par exemple la manière dont une science bourgeoise des calculs de la production est née avec notamment la question de la compréhension des secteurs de production et du calcul des surplus (Castoriadis, 2020, pp. 62-63). Ce qui est en cause, c’est la définition de la productivité à partir du capital ; en fin de compte, le marxisme n’a pas remis en cause un des éléments centraux de l’économie bourgeoise. « Que dans l’économie capitaliste le capital s’approprie effectivement le surplus de la production, il n’y a pas de doute. Dire d’un autre côté que de ce fait il découle que le capital possède – et est seul à posséder – une productivité nette en valeur est un illogisme flagrant » (Castoriadis, 2020, p. 69). La force de travail n’est jamais appréciée relativement à l’histoire, elle est prise comme une constante réifiée indépendamment des contextes sociaux. L’objectivisme est en fait ici la projection de l’idéologie bourgeoise qui se veut science. « L’existence du prolétariat signifie très précisément que l’on peut traiter la classe ouvrière comme une industrie – au sens que la classe ouvrière consomme ce qu’elle gagne, qu’elle ‘produit’ en termes de prix exactement ce qu’elle absorbe, que pour elle l’identité comptable des entrées et des sorties est toujours vérifiée » (Castoriadis, 2020, p. 70). Castoriadis pointe un fait majeur dans les analyses qui sont faites sur la classe ouvrière et qui interrogent le discours marxiste. La classe ouvrière n’est pas en soi et pour soi une totalité concrète prête à modifier organiquement les rapports, la réification de la valeur de la force de travail participe d’une vision mythologique des caractéristiques de cette classe. Finalement, en voulant révéler des impensés dans la théorie économique du capital, Castoriadis montre que l’exploitation de la force de travail est au service d’un imaginaire justifiant l’industrialisation à outrance des sociétés, ce qui est la caractéristique principale de la bureaucratisation du monde.

L’utilisation mathématique des suites chez Castoriadis montre une tendance à la spatialisation dans l’imaginaire du discours économique de l’époque ignorant la profondeur de la dimension social-historique. C’est ainsi que Castoriadis critique les conceptions de l’analyse économique en vigueur dans les années 1960 et 1970 sur la localisation des entreprises et les logiques de spécialisation. « L’espace économique s’y trouve réduit en un espace homogène et isotrope (pas de différentiation qualitative de ses parties, pas de direction privilégiée). La seule variable définissant ou caractérisant la localisation des entreprises, le fait que celles-ci sont nécessairement situées quelque part, est une distance euclidienne relative aux centres d’approvisionnement (y compris en main-d’œuvre) et de vente » (Castoriadis, 2020, p. 111). L’idée d’un taux de profit unique est une aberration révélant l’impossibilité d’introduire la variable du temps (Castoriadis, 2020, p. 112). Le temps est alors calculé dans une perspective homogène et constante. Castoriadis est l’un des premiers à comprendre les mécanismes de la spatialisation du temps au cœur de la domination mondiale du capitalisme (Castoriadis, 2020, pp. 331-333). Le capitalisme naturalise une domination en niant la dimension du temps et en tentant de figer des rapports de domination au profit d’un petit nombre. « Si l’on prétend représenter l’économie par un espace vectoriel, alors il faut admettre que chaque fois qu’un nouveau produit est introduit, l’économie saute d’un espace vectoriel à un autre (et cela, encore une fois, que ce produit appartienne à la classe des instruments, des matières ou des objets finals [notre correction <finaux>], qu’il soit important ou secondaire, etc.) et que, dans le cas général, ces espaces vectoriels ne sont pas contenus les uns dans les autres (ordonnés par inclusion) – ce qui, soit dit incidemment, prive de sens les ‘opérations’ auxquelles les économistes se livrent à cœur joie, oubliant que les ensembles de définitions sur lesquelles elles portent ont changé en cours de route » (Castoriadis, 2020, p. 115). Voici l’exemple d’un problème flagrant lorsqu’on s’évertue à publier les manuscrits personnels d’auteurs puisqu’on retrouve ici la construction d’une phrase complexe avec des subordonnés imbriquées et l’usage de parenthèses rendant parfois la lecture ardue. Le passage témoigne néanmoins d’une intuition forte fondée sur la critique de l’économisme comme tentative de naturaliser les données propres à une logique (Castoriadis, 2020, p. 157). En l’occurrence, l’idée de « pseudo-espace vectoriel » (Castoriadis, 2020, p. 335) revient à plusieurs reprises dans l’ouvrage.

La publication de certains textes mineurs (lettres, transcription d’interventions à des conférences) contribue à la vulgarisation de certaines thèses de Castoriadis à l’instar de la conférence « Planification et politique » prononcée à Tokyo en octobre 1970 dans le cadre de travaux effectués auprès de l’OCDE. Cette conférence a d’ailleurs toute son importance dans la trajectoire de Castoriadis comme expert économique auprès de l’OCDE, puisqu’elle se tient quelques mois avant la fin de cette activité de Castoriadis qui aura duré plus de vingt-deux ans.  Ce dernier a achevé cette conférence en montrant que les politiques économiques relèvent de décisions politiques, « les politiques économiques ne sont pas en rapport avec la politique – elles sont de la politique, elles nous renvoient à tous les problèmes politiques de fond de notre époque et elles ne peuvent pas être discutées d’une façon qui ait un sens si on fait abstraction de ceux-ci » (Castoriadis, 2020, p. 347). Le tome VIII de ses Écrits politiques s’ouvre alors sur une partie géopolitique où Castoriadis, depuis les origines de Socialisme ou Barbarie, s’attèle à l’interprétation des rapports sociaux dans le monde, tâche gigantesque qui met en lumière le capitalisme comme entreprise de bureaucratisation des sociétés où les couches dirigeantes innovent dans les outils d’aliénation du monde prolétaire.

Pour un imaginaire géopolitique.

Castoriadis fut un observateur attentif des évolutions de la guerre froide interprétée à partir des relations entre des régimes bureaucratiques totaux fondés sur une séparation stricte et brutale entre les dirigeants et les exécutants et des régimes bureaucratiques fragmentés où cette séparation n’est pas achevée en raison de la présence d’un socle de libertés fondamentales. Dans cette perspective, les bureaucraties totales se trouvent à l’Est tandis que les bureaucraties fragmentées englobent les sociétés occidentales (Premat 2016). L’analyse révolutionnaire des rapports entre l’Est et l’Ouest s’effectue sous l’angle de l’évolution des rapports entre les bureaucraties (Castoriadis, 2020, pp. 578-579). Il faut envisager cette bureaucratisation comme une tentative de contrôler et d’aliéner les masses travailleuses. La guerre froide caractérise en fin de compte les concurrences impérialistes pour achever ce contrôle. La révolution implique une libération par rapport au carcan des régimes bureaucratiques. « Il faut aussi souligner que le prolétariat révolutionnaire doit aujourd’hui lutter contre un système mondial d’exploitation, dont le stalinisme et l’impérialisme constituent des parties organiques et intégrantes, qu’il lui faut renverser la bourgeoisie dans les pays capitalistes, la bureaucratie en URSS et dans le glacis » (Castoriadis, 2020, p. 617). Programme immense et impossible vu les multiples ennemis à abattre. Si une partie de ces textes peut apparaître datée au lecteur contemporain, il faut rappeler le contexte d’un étouffement des forces alternatives de gauche par le PCF dans la France des années 1950 et 1960. En relisant ces analyses, on perçoit des proximités certaines avec la pensée antitotalitaire d’Hannah Arendt lorsque cette dernière identifie le nazisme et le stalinisme du point de vue des méthodes et de la violence faite aux individus et au langage lui-même (Castoriadis, 2020, p. 641 ; Arendt, 2005).

Mis à part quelques ajouts éditoriaux et des indications sur des manuscrits se trouvant aux archives Castoriadis (Castoriadis, 2020, pp. 597-610 ; p. 689), cette partie reprend essentiellement des écrits de Socialisme ou Barbarie qui avaient déjà fait l’objet de nombreuses rééditions antérieures.

Penser à partir de Castoriadis.

Si Castoriadis a été un penseur marginalisé dans le champ des études philosophiques et politiques, la réédition, les études et les traductions de son œuvre montrent a contrario qu’il est aujourd’hui considéré comme l’un des penseurs francophones les plus importants de la deuxième moitié du XXe siècle. Ainsi, de par un positionnement révolutionnaire lucide et d’avant-garde, il a pu développer une théorie de l’imaginaire permettant de comprendre l’évolution des institutions et d’éclairer la signification de l’autonomie humaine. Les éditeurs ont relevé le défi de publier ce qui aurait correspondu au projet global de L’Élément de l’imaginaire, même si la difficulté du style de Castoriadis peut parfois dérouter un lecteur soucieux de réordonner les caractéristiques principales de cette théorie. On peut aussi à juste titre et sans polémique se poser la question de la puissance éditoriale de cette œuvre posthume qui ne participe pas forcément à rééquilibrer les perceptions des débats pointus du groupe « Socialisme ou Barbarie »[7][7] qui fut un laboratoire d’idées extrêmement important pour la suite (Dosse, 2014)[8][8]. La réédition des œuvres de Castoriadis avec des textes inédits montre à quel point les années 2000-2020 ont changé considérablement le regard que l’on pouvait avoir sur l’étendue de cette pensée. Elle montre également qu’un positionnement d’avant-garde à un moment donné de l’histoire peut devenir central à une autre époque. Peut-être est-il temps de penser davantage à partir de cette œuvre que de se plonger dans toutes ses arcanes, ce qui pourrait finalement égarer définitivement le lecteur[9][9].[10]

Endnotes:
  1. [1]: #_ftn1
  2. [2]: #_ftn2
  3. [3]: #_ftn3
  4. [4]: #_ftn4
  5. [5]: #_ftn5
  6. [6]: #_ftn6
  7. [7]: #_ftn7
  8. [8]: #_ftn8
  9. [9]: #_ftn9
  10. : #_ftnref1

Résumé

Le huitième volume des écrits politiques de Castoriadis éclaire la relation entre l’économie et l’imaginaire. En effectuant un travail éditorial précis, Enrique Escobar, Myrto Gondicas et Pascal Vernay ont extrait des archives de Castoriadis des commentaires, des notes et des textes permettant de mieux comprendre les vues de Castoriadis sur l’économie du capitalisme et sur les thèses du Capital de Marx. La deuxième partie du volume rassemble les analyses géopolitiques de Castoriadis portant sur le capitalisme mondial.

Bibliographie

Arendt, Hannah. 2005. Le système totalitaire. Les origines du totalitarisme (Traduction française collective). Paris : Seuil.

Castoriadis, Cornelius. 1975. L’institution imaginaire de la société. Paris : Seuil.

Castoriadis, Cornelius. 2020. Écrits politique 1945-1997, VIII. Sur la dynamique du capitalisme et autres textes suivi de L’impérialisme et la guerre. Paris : Sandre.

Dosse, François. 2014. Castoriadis. Une vie. Paris : La Découverte.

Morin, Edgar. 1989. Un Aristote en chaleur. Revue européenne des sciences sociales, t.27, n°86 : 11-15.

Premat, Christophe. 2016. L’actualité d’une pensée politique. EspacesTemps.net.

Notes

[1] Edgar Morin, « Castoriadis, un titan de l’esprit », Le Monde, 30 décembre 1997.

[2] « Pierre Rosanvallon: ‘Cornelius Castoriadis, ce titan, cet ogre intellectuel’ », Le Monde, 20 septembre 2020.

[3] Il faudrait aussi rappeler le rôle essentiel de certains passeurs comme l’éditeur Christian Bourgeois qui avait créé son édition en 1966 afin de faire sortir de l’ombre certaines œuvres dont celle de Castoriadis. Christian Bourgeois est décédé en 2007 et avait notamment permis la parution de La Société Bureaucratique en 1990  (« Disparition de l’éditeur Christian Bourgeois », La Nouvelle République, 21 décembre 2007). Il avait fondé la collection 10/18 et avait été un relais décisif de la publication des œuvres de Castoriadis.

[4] Sur la comparaison de la figure de l’éditeur avec celle de l’arrangeur de jazz, nous renvoyons à la fin de notre article (Premat, 2016).

[5] Cette question a été soulevée par Dominique Frager, ancien membre de Socialisme ou Barbarie et de Pouvoir ouvrier, qui a proposé des conférences éclairantes sur le fonctionnement du groupe Socialisme ou Barbarie. L’œuvre labyrinthique de Castoriadis peut procéder par contrastes car lorsqu’on éclaire une dimension des imaginaires sociaux, on peut en obscurcir certains aspects.

[6] Pour l’accès aux archives de certains numéros de la revue Socialisme ou Barbarie, voir le fonds Daniel Mothé à l’IMEC (14SOB). L’accès aux archives en ligne de la revue est possible ici. Enfin, il importe aussi d’évoquer le projet d’Agora International consistant à proposer une bibliographie complète des œuvres de Castoriadis et des articles se référant à sa pensée. Ce site contient une bibliographie dans toutes les langues avec l’ambition de donner une vue aussi complète que possible des traductions et des commentaires de l’œuvre de Castoriadis. Il est intéressant de noter que Pierre Souyri, l’un des véritables rivaux de Castoriadis au sein de l’Antitendance du groupe Socialisme ou Barbarie, avait publié aux éditions Payot en 1983 La dynamique du capitalisme au XXe siècle. Pierre Souyri a tenté de penser un marxisme antistalinien en contredisant la rupture opérée par Castoriadis avec le marxisme.

[7] Il faudrait néanmoins nuancer ce propos puisque les anciens camarades de Socialisme ou Barbarie ont eu une série de publications permettant de revenir sur certaines thèses développées par le groupe et la revue. Jean-François Lyotard a en effet publié ses douze textes parus sur la guerre d’Algérie dans la revue Socialisme ou Barbarie dans La guerre des Algériens, Écrits 1956-1963 aux éditions Galilée en 1989 avec une présentation de Mohammed Ramdani. Edgar Morin, qui avait côtoyé les membres de Socialisme ou Barbarie, a pu développer une pensée de la complexité qui, par certains aspects, ressemble à l’entreprise titanesque de Castoriadis. Jean-François Lyotard est devenu l’un des inspirateurs du courant postmoderne par la suite. Une grande partie des anciens camarades de Socialisme ou Barbarie ont eu une renommée intellectuelle à partir des années 1970. Claude Lefort avait repris certaines de ses analyses dans son ouvrage Éléments d’une critique de la bureaucratie paru en 1971 à la Librairie Droz. Récemment, Daniel Blanchard a évoqué également son engagement au sein du groupe dans La mémoire empoisonne mes nuits, paru en 2014 aux éditions L’Une & l’Autre.

[8] Jean-Marie Colombani, « ‘Morinisme’ ou barbarie », Le Monde, 3 juin 1993.

[9] Dans cette optique, il faudrait saluer la publication régulière des Cahiers de l’imaginaire et la parution de la revue Social Imaginaries pour évoquer les filiations de cette œuvre.

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