Dépoussiérer le Patrimoine.

Parler du Patrimoine génère facilement une raideur convulsive car il est souvent associé à l’idée de muséification improductive. Le patrimoine est pris à bras le corps par vingt auteurs — en majorité des chercheurs, accompagnés de quelques élus et des professionnels de la culture — dans un important dossier, que lui consacre le dernier numéro de la revue Pouvoirs Locaux. La décentralisation du Patrimoine récemment opérée est en fait à l’origine de ce dossier. Leurs différentes appréhensions balaient les poncifs qui le paralysent d’ordinaire. L’écueil d’un patrimoine uniquement matériel ou celui de la dichotomie patrimoniale opposant manifestement un patrimoine culturel et un patrimoine naturel sont en effet évités afin de ne pas l’affecter d’une définition statique.

Ces contributions sont rassemblées en trois grandes approches : une approche politique, une approche socio-économique et une approche davantage pragmatique. Les diverses entrées pour le circonscrire offrent une lecture stimulante et nous permettent d’établir l’idée que l’enjeu du patrimoine se situe au niveau de la durabilisation de la vie des lieux et de son corollaire — la participation commune de multiples acteurs, notamment de celle des habitants — le patrimoine ne requérant pas le même sens pour un habitant éphémère ou résidant et un élu. À un autre niveau, la relation patrimoine — mondialisation est activement agitée. L’enjeu est bien de chercher à comprendre qu’un lieu patrimonial est un lieu situé « non délocalisable » (Olivier Lazzarotti). Le spectre des effets pervers de la mondialisation est éloigné évitant ainsi une diabolisation de l’effet de la mondialisation sur le patrimoine : la mondialisation renforce le caractère identitaire d’un lieu plutôt qu’elle ne l’uniformise.

Pouvoirs Locaux n°62, septembre 2004. 176 pages. 13 euros.

Renseignements, abonnements : Institut de la Décentralisation[1], 2, rue des Longs-Prés, 92100 Boulogne.

Diffusion : La Documentation Française[2]