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Sérendipité.

Berlin et ses Juifs.

Image1Depuis quelques années, Berlin accomplit un effort impressionnant pour ressusciter quelque chose de son passé juif (communauté de 160 000 personnes en 1933 : 30% des Juifs d’Allemagne). Les points nodaux en ont été la restauration de la façade la grande synagogue d’Oranienburgerstrasse (1995), l’étrange composition de rue La chambre abandonnée (1996), l’ouverture d’une exposition permanente sur les caches (1999) et le musée juif (2001) ; après d’intenses débats, le champ de stèles commémorant la Shoah sera mis en place entre porte de Brandebourg et Potsdamerplatz, au coeur même de la ville, comme si une improbable judéité ressurgissait de ce lieu successivement brutalisé par la chancellerie du Reich — rasée en 1945 — et par le Mur. Tout aussi significatifs ont été la restauration partielle de synagogues et de cimetières juifs, la pose de multiples plaques (sur le trottoir plus que sur les murs, sans doute parce que beaucoup de ceux-ci n’ont pas survécu à 1945) évoquant le souvenir d’exilés ou de déportés, et l’ouverture de plusieurs boutiques, librairies, restaurants, théâtre juifs… Trois itinéraires de visite des principaux « lieux juifs » ont été établis. La chute du Mur a constitué un facteur favorisant: la plupart des lieux de mémoire potentiels se situaient à l’Est et, comme ailleurs dans les pays communistes, l’antifascisme officiel interdisait l’expression du malheur particulier des Juifs — au point, par exemple, de raser en 1958 la salle de la grande synagogue endommagée par les bombardements.

Aujourd’hui, le dôme doré, au style mauresque, de cette dernière constitue l’un des marqueurs les plus visibles du plat horizon urbain berlinois. Le musée juif, où le brutalisme architectural est pour une fois parfaitement justifié, est en tout point exemplaire : jamais je n’ai vu exprimer la Shoah avec autant de justesse et de force combinées. Tout ceci est émouvant, et plus que louable. D’où vient alors un sentiment de pathétique, qui confine au malaise ? Sans doute de l’impression d’un effort surhumain pour faire tourner l’histoire à l’envers, pour faire comme si l’on pouvait ressusciter une part du Berlin d’avant 1933. Or ce qui manque, et manquera toujours, c’est le principal : les acteurs, dispersés dans le cas allemand plus encore par l’exil (dont seuls quelques-uns sont revenus après 1945 : il marque donc un rejet volontaire de l’ancienne identité allemande) que par le massacre. Aujourd’hui il y a à nouveau une communauté juive considérable à Berlin : 100 000 environ — mais les quatre cinquièmes ont récemment émigré de l’ex-URSS. Se sentent-ils réellement concernés par cet immense effort mémoriel ?

Photo : La « Neue Synagoge » à Berlin. © Deutschland Architektur[1]

La page d’accueil de Deutschland Architektur : le nouveau site[2]; ou bien l’ancien site[3].

Une page ressource sur les principaux monuments (actuels et historiques) de Berlin[4].

Endnotes:
  1. Deutschland Architektur: http://www.deutschlandsarchitektur.org/
  2. le nouveau site: http://www.deutschlandsarchitektur.org/
  3. l’ancien site: http://www.courses.psu.edu/nuc_e/nuc_e405_g9c/
  4. Une page ressource sur les principaux monuments (actuels et historiques) de Berlin: http://www.courses.psu.edu/nuc_e/nuc_e405_g9c/berlin/

Résumé

Depuis quelques années, Berlin accomplit un effort impressionnant pour ressusciter quelque chose de son passé juif (communauté de 160 000 personnes en 1933 : 30% des Juifs d’Allemagne). Les points nodaux en ont été la restauration de la façade la grande synagogue d’Oranienburgerstrasse (1995), l’étrange composition de rue La chambre abandonnée (1996), l’ouverture d’une exposition ...

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