Une /

Résumé | Bibliographie | Notes

Sérendipité.

Michel Foucault, un amer.

Savoir, pouvoir, se gouverner.

Image1À bout de souffle, les problématiques de Michel Foucault ? Certainement pas, à lire et analyser ce qu’elles engendrent encore.

Encore, ce qui se passe autour de Michel Foucault, et par conséquent autour de ses ouvrages, relève-t-il de plusieurs types de référence à une pratique (pratique de lecture, d’usage, d’inspiration, etc.) philosophique. Les uns conservent et entretiennent la flamme, cultivant un certain rapport patrimonial à l’œuvre achevée. Ils classent, ils corrigent, ils sont vigilants sur les usages. Ils prennent aussi le risque de s’enfermer dans une chapelle. Les autres veulent réactualiser des pensées datées, ou se rêvent dans la mission de ne jamais avoir à cesser d’en montrer l’actualité. Ils ont dessiné une sphère d’influence à l’intérieur de laquelle ils prolongent les mêmes problématiques et parfois les rapportent aux mêmes objets. Ils prennent un autre risque : celui de demeurer aveugles à l’émergence de processus nouveaux dans l’effectivité. Les autres encore se contentent de faire savoir que l’œuvre de Michel Foucault les aide à penser leur propre situation. Ils expliquent que cette œuvre leur offre encore les moyens de mettre le doigt sur les problèmes contemporains. Disons qu’ils placent Foucault et ses ouvrages dans un présent perpétuel. Ils y sont d’ailleurs autorisés par Foucault lui-même : « Je voudrais que cet objet-événement, presque imperceptible parmi tant d’autres, se recopie, se fragmente, se répète, se simule, se dédouble, disparaisse finalement sans que celui à qui il est arrivé de le produire, puisse jamais revendiquer le droit d’en être le maître, d’imposer ce qu’il voulait dire, ni de dire ce qu’il devait être » (Préface à la deuxième édition de l’Histoire de la folie, Paris, Gallimard, 1972). Pour eux, une existence en confrontation permanente avec la matrice de la société est encore possible. Parfois, ils décident d’opter pour des styles d’existence inédits.

De toute manière, les uns et les autres polémiquent autour d’une réalité : moins on historicise la pensée de Foucault, plus elle conserve sa vocation universaliste, mais plus on la particularise, plus elle perd sa posture universaliste.

Cela étant, nous n’avons pas dessiné ci-dessus toutes les îles de l’archipel Foucault, bien difficile d’ailleurs à cartographier avec précision. Mais nous avons esquissé quelques-uns des espaces intellectuels, présents sur la scène éditoriale et existentielle, pour lesquels Michel Foucault sert encore, et à juste titre, d’amer, de point de visée susceptible d’aider à organiser des trajectoires. Et, c’est pour compléter cette esquisse, et y jouer effectivement un rôle nous-mêmes, que nous avons décidé de publier le dossier qui suit. Nous avons voulu multiplier le nombre des visées pouvant porter sur cet amer, afin de permettre à chacun de construire pour lui-même l’existence intellectuelle et pratique qui lui paraît convenir le mieux à sa circulation au sein de cet archipel. Loin de toute orthodoxie, de tout procès en trahison, ou de mésusage radical, ce dossier présente des articles qui, chacun pour son compte, montre, en un clin d’œil, quel potentiel de pensée et d’action réside encore dans l’opposition farouche aux normes, aux objectivations, aux enfermements que cette œuvre encourage toujours. Ces articles constituent autant de rebonds possibles sur la pensée de Foucault, ouvrant à des dynamiques que nous espérons fécondes.

Photo : © Foucault par Gérard Fromanger.

Résumé

À bout de souffle, les problématiques de Michel Foucault ? Certainement pas, à lire et analyser ce qu’elles engendrent encore. Encore, ce qui se passe autour de Michel Foucault, et par conséquent autour de ses ouvrages, relève-t-il de plusieurs types de référence à une pratique (pratique de lecture, d’usage, d’inspiration, etc.) philosophique. Les uns conservent ...

Bibliographie

Notes

Auteurs

Christian Ruby

Docteur en philosophie, enseignant, Chargé de cours sur le serveur audiosup.net de l’Université de Nanterre (Paris 10), Chargé de cours à l’antenne parisienne de l’Université de Chicago, Membre de l’Association pour le Développement de l’Histoire culturelle, membre du Comité de Rédaction des revues Raison Présente, EspacesTemps et Les Cahiers de l’Éducation permanente (accs, Belgique). Derniers ouvrages : L’État esthétique, Essai sur l’instrumentalisation de la culture et des arts, Bruxelles, Labor, 2000 ; L’Art public, Un art de vivre en ville, Bruxelles, La Lettre volée, 2001 ; Les Résistances à l’art contemporain, Bruxelles, Labor, 2002.

Partenariat

Sérendipité.

This page as PDF