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Résumé | Bibliographie | Notes

Sérendipité.

La chorématique appliquée à l’art.

Laurent Grison, Figures fertiles, Essai sur les figures géographiques dans l'art occidental, 2002.

Image1Dans un essai éclairé et éclairant, le géographe Laurent Grison explore, comme le titre le son ouvrage l’indique explicitement, des figures géographiques dans des manifestations artistiques de l’art occidental. En fait, il s’attache surtout à trois configurations spatiales fondamentales : la bifurcation, le carrefour, le rond-point, autrement dit, si l’on veut, le Y, le X, le O (ou orbe). Formé à la chorématique de Brunet (mais disposant d’autres cordes à son arc, puisque agrégé d’histoire et enseignant l’histoire des arts), l’auteur fait feu de tout bois pour expliciter son propos : « Dans le titre de notre essai (écrit-il en préface), l’adjectif “fertile” insiste sur la nature des possibilités offertes par l’analyse méthodique des figures ». Le livre s’ouvre sur une citation de Jaccottet, l’adjectif « fertile » vient de Éluard, Perec, Bachelard sont des familiers, les références artistiques sont extrêmement nombreuses et refusent de se cantonner dans une époque. Une très vaste culture est constamment convoquée, dans une écriture plaisante, sans cuistrerie, ce qui donne un plaisir de lecture finalement pas si fréquent.

La question centrale est : « Comment la création artistique use-t-elle des figures géométriques et quel sens leur donne-t-elle dans l’art occidental depuis la Renaissance ? » (p. 23). Il s’agit de constituer une « grammaire » de figures géographiques dans l’art, et l’auteur tente constamment de faire l’aller-retour entre la figuration géométrique et les sens littéraux ou symboliques divers qu’on peut leur accorder selon les époques et les sociétés, et d’inscrire l’ensemble de sa réflexion dans l’art au sens large : certes, les figures sont surtout travaillées dans des tableaux, de Hobbema à Segui, en passant par Poussin et Pannini, et des photographies (Doisneau, Cartier-Bresson), mais d’autres arts sont convoqués, notamment la littérature et la musique. Au-delà de l’analyse de chaque œuvre, et de la construction de cette grammaire, Laurent Grison se propose d’être « essayiste dans toutes les acceptions du terme » (p. 242), avec la prise de risque que cela comporte.

Cela donne donc une lecture à plusieurs niveaux, qu’on s’intéresse à l’analyse d’une œuvre en particulier, à la figure considérée de façon plus générale, ou, bien sûr, à la réflexion sur le traitement social de l’espace ici travaillé à partir de ce qu’en font les artistes. L’ancrage quasi-pragmatique dans les œuvres se doublant, comme on l’a dit, d’un feu d’artifice de références et de coups de projecteurs culturels, on est parfois un peu noyé sous le nombre des éléments offerts, mais l’auteur tire son épingle du jeu, parvient généralement à ne pas se laisser déborder par l’ampleur de son propre savoir.

Une tentative réussie par conséquent, une lecture stimulante, qui donne envie de prolonger par soi-même et pour d’autres peintures, dessins ou photos les analyses spatiales, un travail qui souligne l’importance constitutive de l’espace dans les sociétés, et qui montre accessoirement, mais ce n’est pas rien, que la géographie est une discipline active là où on ne l’attendait pas forcément.

Résumé

Dans un essai éclairé et éclairant, le géographe Laurent Grison explore, comme le titre le son ouvrage l’indique explicitement, des figures géographiques dans des manifestations artistiques de l’art occidental. En fait, il s’attache surtout à trois configurations spatiales fondamentales : la bifurcation, le carrefour, le rond-point, autrement dit, si l’on veut, le Y, le X, ...

Bibliographie

Notes

Auteurs

Yveline Lévy-Piarroux

Agrégée de Lettres, enseignante à Paris. Elle est la directrice de publication des Cahiers d’EspacesTemps.

Partenariat

Sérendipité.

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